Très récemment, un certain Martial Hernandez - que j’ai déjà eu l’occasion de citer dans ces colonnes - m’a invité à passer chez Music Hall. Tout d’abord parce que nous aimons nous rencontrer de temps à autres pour parler de musique et de matériel. Mais aussi à l’occasion de la remise à neuf de la salle d’écoute du sous-sol de ce magasin parisien qui existe depuis pratiquement trois décennies, et dans lequel Martial officie quelques après-midi dans le mois.
Au rez de chaussée du magasin, le maître des lieux Thierry Samoil (à gauche sur l’image ci-dessus) accueille la clientèle et les nombreux habitués qui se pressent en ce samedi matin. Ici rien n’a pour l’instant changé. Mais une rénovation est prévue sous peu. Dans cet espace joliment encombré, l’amateur un peu pressé peut déjà découvrir de beaux systèmes composés à partir d’électroniques Myriad, Cambridge ou encore Audio Analogue - et d’enceintes Paradigm, Tannoy ou Monitor Audio (entre autres marques représentées). Et depuis peu, on y voit également trôner fièrement quelques modèles de la nouvelle série Venere de Sonus Faber, dont le rapport qualité/prix est extrêmement attractif, grâce notamment à une fabrication très soignée réalisée en Chine.
Mais dès mon arrivée, Martial m’adresse une oeillade complice et m’entraîne sourire aux lèvres dans les profondeurs du magasin. Je ne peux réprimer un petit frisson, la descente se faisant par un escalier à l’épaisse moquette surpiquée d’un délicat liseré boa argenté… Façon Moulin Rouge, voyez ? Mais où m’entraîne donc le singulier Martial ? Remarquez, le magasin s’appelle Music Hall...
Ce n’est pas une surprise qui m’attend en bas, mais trois ! Effectivement, le sous-sol complètement rénové n’a plus rien à voir avec ce qu’il était avant. Le résultat est à la hauteur des attentes et de l’investissent consenti. Il se présente sous la forme d’un espace d’écoute très cosy au luxe discret et aux nuances de teintes «chocolatées».
Cette pièce abrite aussi une sélection exclusive de magnifiques références électroniques. A commencer par les tout derniers maillons du haut de la gamme Accuphase, qui nous attendent sagement : transport CD/SACD DP-900 et convertisseur DC-901, préampli C-3800, blocs mono A-200. Tous ces modèles ont été créés dans l’optique de célébrer le 40e anniversaire de la marque japonaise. Pour la démonstration à laquelle il m’invite, Martial a complété cette débauche de prestigieuses électroniques de son serveur Meridian/Soolos, piloté via l’écran Control 10 mais aussi depuis un i-pad, renforcé par deux unités de stockage UC Twin Store (abritant chacune 1 TO de musique avec back-up 100 %). Autant dire que nous sommes parés pour le décollage, matériel et combustible confondus !
Cette pièce abrite aussi une sélection exclusive de magnifiques références électroniques. A commencer par les tout derniers maillons du haut de la gamme Accuphase, qui nous attendent sagement : transport CD/SACD DP-900 et convertisseur DC-901, préampli C-3800, blocs mono A-200. Tous ces modèles ont été créés dans l’optique de célébrer le 40e anniversaire de la marque japonaise. Pour la démonstration à laquelle il m’invite, Martial a complété cette débauche de prestigieuses électroniques de son serveur Meridian/Soolos, piloté via l’écran Control 10 mais aussi depuis un i-pad, renforcé par deux unités de stockage UC Twin Store (abritant chacune 1 TO de musique avec back-up 100 %). Autant dire que nous sommes parés pour le décollage, matériel et combustible confondus !
Complètement parés même, puisque la dernière surprise consiste en une paire de magnifiques enceintes Estelon XB tout juste reçues ! Une marque que j’avais repérée au tout dernier salon Hifi Home Cinéma. Elles sont donc désormais en démonstration chez Music Hall. Le tout était câblé en Cardas (modulation) et Audioquest (enceintes).
A nouveau décor, nouvelle acoustique
A défaut de pouvoir repousser les murs, les travaux - qui ont duré une bonne partie de l’été - ont notamment nécessité l’abaissement du niveau du sol d’une vingtaine de centimètres. Il y circule désormais un réseau secteur enterré réalisé tout en câble Supra. Ne disposant que d’une surface limitée, Thierry Samoil a judicieusement opté pour une acoustique amortissante, notamment sur les trois pans de murs qui constituent le fond de la pièce. Un choix judicieux, qui permet aux plus gros systèmes de s’exprimer sans contrainte, notamment du point de vue de la profondeur de la scène sonore. Le niveau de bruit intrinsèque de cette pièce est très faible, et son pan coupé permet d’en limiter les surfaces parallèles. Il restera juste à la fermer d’une porte coulissante afin d’éviter toute diaphonie avec l’espace d’accueil du rez-de-chaussée. C’est pour bientôt !
A gauche de l’escalier, un imposant meuble d’environ 300 kg reçoit les appareils non utilisés et permet d’en mettre certains en chauffe avant écoute. Notre ami Martial, pourtant ancien international de basket (ou bien était-ce de curling, je ne me souviens plus bien), paraît presque petit à côté de ce bahut ! Certes, l’effet du grand-angle y est pour beaucoup… Y reposent les plus belles références de chez Musical Fidelity, Air Tight, Mac Intosh et Audio Research, prêtes à bondir. Quant aux marques d’enceintes résidant le plus souvent au sous-sol, elles ont pour noms : Magnepan, et encore Sonus Faber ou Tannoy...
A gauche de l’escalier, un imposant meuble d’environ 300 kg reçoit les appareils non utilisés et permet d’en mettre certains en chauffe avant écoute. Notre ami Martial, pourtant ancien international de basket (ou bien était-ce de curling, je ne me souviens plus bien), paraît presque petit à côté de ce bahut ! Certes, l’effet du grand-angle y est pour beaucoup… Y reposent les plus belles références de chez Musical Fidelity, Air Tight, Mac Intosh et Audio Research, prêtes à bondir. Quant aux marques d’enceintes résidant le plus souvent au sous-sol, elles ont pour noms : Magnepan, et encore Sonus Faber ou Tannoy...
Ecoute
Nous ne reviendrons que rapidement sur la marque Accuphase, fleuron de l’industrie audio japonaise, dont l’histoire quarantenaire est très bien décrite dans le récent petit opuscule écrit par Dominique Mafrand à la demande de l’importateur Hamy Sound (et que l’on trouve en supplément dans le dernier numéro du magazine Haute Fidélité).
S’il y a une marque de haute fidélité qui se situe en dehors des modes, qui soit faite pour durer, qui offre des performances constantes et de très haut niveau quel que soit le modèle considéré, c’est bien d’Accuphase qu’il s’agit. Comme Martial aime à le rappeler aux clients du magasin, qu’il s’agisse de la finition (intérieure et extérieure), des solutions techniques embarquées, des performances objectives, ou même de l’emballage des produits, tout chez Accuphase respire l’excellence. Il suffit de s’approcher d’un appareil Accuphase (et de tendre l’oreille) pour en prendre conscience.
Du point de vue de l’écoute, les qualificatifs qui s’imposent sont douceur, fluidité, richesse de timbres et respect de la musicalité des interprétations. Et ceux que l’on écarte d’emblée : brillance, esbroufe, précision chirurgicale ou comportement rentre-dedans. Bien sûr, les 200 Watts en pure classe A des blocs A-200, drivés par le préampli C-3800, sont capables de beaux écarts dynamiques et sont mobilisés sous un temps de montée ultra-court. Bien sûr, la bande passante, les rapports signal/bruit et les taux de distorsion affichés par ces appareils sont parmi les meilleurs qui soient. Mais jamais la restitution qu’ils proposent n’incite à mettre ces caractéristiques en avant à en faire un argument (de vente... ou d’achat).
Au contraire, à l’instar d’autres électroniques superlatives telles que Goldmund et Soulution, les Accuphase surprennent par leur capacité à s’effacer totalement devant la musique, au point que les premières minutes d’écoute pourraient ne pas paraître suffisamment «hi-fi» pour des auditeurs avides de sensations fortes. Cette qualité est évidente dès les premières écoutes, à partir du serveur Soolos, de titres très anciens de Jacques Brel ou de la reprise de «I put a spell on you» de Screaming Jay Hawkins par Nina Simone. On a beau ne pas avoir connu personnellement ces artistes, on sent que leur voix est restituée avec énormément de justesse et de plénitude, on baigne dans une forme de pure musicalité, on lit à livre ouvert dans la présentation qui nous est offerte par les producteurs. Il faut finalement faire un effort intellectuel pour se soustraire à cet enveloppement et pour commencer à analyser la restitution selon des critères plus objectifs et factuels. Et à quoi bon, pourrait-on dire ? Car l’écoute CD des «Tableaux d’une exposition» à l’orgue par Jean Guillou (CD Dorian) révèle bien une tenue magistrale du grave sans la moindre trace d'étranglement ni de redondance. Car les traits d’archets et les timbres boisés du quatuor Rincontro interprétant Franz-Xaver Richter (CD Alpha) démontrent à l’envi une superbe et rare transparence. Mais de nouveau, c’est surtout la musique qui nous emporte et non la performance technique qui nous sidère...
En l’occurrence, avec les Estelon, on peut parler d’un système parfaitement cohérent, dont Thierry Samoil est d’ailleurs très fier ! Même si l’association nippo-estonienne n’avait rien de prédestinée, elle s’avère magique sur le plan auditif… Toutes grandioses que ces enceintes et leurs grandes soeurs avaient pu nous paraître lors de l’écoute que nous avions mené au Salon Hifi Home Cinéma, elles semblaient aussi manifester une pointe de mordant presque «trop précis pour être vrai». Ici, en partenariat avec les Accuphase, les Estellon affichent en permanence un caractère organique et souple, et surtout, surtout, une image stéréophonique d’une précision et d’une profondeur hallucinantes. La mise en phase géométrique des haut-parleurs (placés selon un arc de courbe dont l’auditeur serait le foyer) n’y est certainement pas étrangère. Les résonances de coffret sont imperceptibles, si elles existent. Par la pensée, on se déplace avec une aisance confondante entre les différents pupitres. Il faut donc courir chez Music-Hall, non sans avoir pris rendez-vous au préalable (cela facilitera les choses pour tout le monde), écouter d'urgence ce merveilleux système !
Une heure plus tard, retour à la «cave» pour une autre écoute (ça n’est pas un sacrifice, il pleut sans discontinuer depuis ce matin… euh, deux semaines). Cette fois, nous descendons d’un bon cran en termes de moyens mis en oeuvre, tout en restant avec les belles électroniques japonaises : le lecteur CD DP 400 et l’intégré E 560 (qui fonctionne en pure classe A) sont mis à contribution pour un client fidèle à la marque, qui veut effectuer un choix d’enceintes. Leur objectif : départager l’italienne Sonus Faber Cremona Auditor des dernières créations de Franco Serblin, les Accordo. Franco Serblin, qui n’est autre que le fondateur de Sonus Faber désormais en retraite, mais qui reprend du service «pour s’amuser», avec ce petit modèle (et son piétement spécifique) aux courbes audacieuses. Faute de temps, je ne pourrai malheureusement assister à tout le match...
Mais l’écoute de ces très beaux «monitors» nous permettra de «confronter» le serveur Soolos et la lecture CD. Alors, faut-il rejeter le média opto-mécano-électronique et lui préférer sa contrepartie 100 % solid state ? Il sera finalement difficile de trancher. Quoique… Le CD Accuphase DP 400 apportant une forme de rondeur et de musicalité, de restitution parfaite du legato et du rubato du jeu pianistique d’Alfred Brendel. Sur le même programme le serveur Soolos donne, lui, l’impression d’un piano plus physique, plus droit, plus carré. Pour nos amateurs venus avec un impressionnant éventail de gravures historiques, l’affaire est entendue : avantage léger mais certain à la machine Accuphase !
Quand aux «petites» Accordo, elles donnent beaucoup, en justesse de timbre et en délicatesse. Le choix des transducteurs, la forme et l’impressionnante qualité de fabrication de ces bijoux les met à l’abri de toute coloration. S’il est relativement impératif de rester à proximité du sweet spot pour bénéficier de toutes leur qualités - et notamment d’une assise dans le grave qui fait largement oublier leurs dimensions - l’écoute de ce système hors axe reste néanmoins un régal : la largeur stéréophonique est très appréciable et même souvent surprenante. Les sons s’écoulent toujours avec plasticité et fluidité, la perte en consistance étant finalement très limitée. Je ne livrerai pas ici le résultat final du match d’enceintes, car un second round est prévu…
Mais une chose est sûre, il y en a ici pour tous les goûts auditifs et presque tous les budgets !
Music Hall
67 bis rue de Rome
75008 PARIS
Tel : 01 42 94 21 32
Nous ne reviendrons que rapidement sur la marque Accuphase, fleuron de l’industrie audio japonaise, dont l’histoire quarantenaire est très bien décrite dans le récent petit opuscule écrit par Dominique Mafrand à la demande de l’importateur Hamy Sound (et que l’on trouve en supplément dans le dernier numéro du magazine Haute Fidélité).
S’il y a une marque de haute fidélité qui se situe en dehors des modes, qui soit faite pour durer, qui offre des performances constantes et de très haut niveau quel que soit le modèle considéré, c’est bien d’Accuphase qu’il s’agit. Comme Martial aime à le rappeler aux clients du magasin, qu’il s’agisse de la finition (intérieure et extérieure), des solutions techniques embarquées, des performances objectives, ou même de l’emballage des produits, tout chez Accuphase respire l’excellence. Il suffit de s’approcher d’un appareil Accuphase (et de tendre l’oreille) pour en prendre conscience.
Du point de vue de l’écoute, les qualificatifs qui s’imposent sont douceur, fluidité, richesse de timbres et respect de la musicalité des interprétations. Et ceux que l’on écarte d’emblée : brillance, esbroufe, précision chirurgicale ou comportement rentre-dedans. Bien sûr, les 200 Watts en pure classe A des blocs A-200, drivés par le préampli C-3800, sont capables de beaux écarts dynamiques et sont mobilisés sous un temps de montée ultra-court. Bien sûr, la bande passante, les rapports signal/bruit et les taux de distorsion affichés par ces appareils sont parmi les meilleurs qui soient. Mais jamais la restitution qu’ils proposent n’incite à mettre ces caractéristiques en avant à en faire un argument (de vente... ou d’achat).
Au contraire, à l’instar d’autres électroniques superlatives telles que Goldmund et Soulution, les Accuphase surprennent par leur capacité à s’effacer totalement devant la musique, au point que les premières minutes d’écoute pourraient ne pas paraître suffisamment «hi-fi» pour des auditeurs avides de sensations fortes. Cette qualité est évidente dès les premières écoutes, à partir du serveur Soolos, de titres très anciens de Jacques Brel ou de la reprise de «I put a spell on you» de Screaming Jay Hawkins par Nina Simone. On a beau ne pas avoir connu personnellement ces artistes, on sent que leur voix est restituée avec énormément de justesse et de plénitude, on baigne dans une forme de pure musicalité, on lit à livre ouvert dans la présentation qui nous est offerte par les producteurs. Il faut finalement faire un effort intellectuel pour se soustraire à cet enveloppement et pour commencer à analyser la restitution selon des critères plus objectifs et factuels. Et à quoi bon, pourrait-on dire ? Car l’écoute CD des «Tableaux d’une exposition» à l’orgue par Jean Guillou (CD Dorian) révèle bien une tenue magistrale du grave sans la moindre trace d'étranglement ni de redondance. Car les traits d’archets et les timbres boisés du quatuor Rincontro interprétant Franz-Xaver Richter (CD Alpha) démontrent à l’envi une superbe et rare transparence. Mais de nouveau, c’est surtout la musique qui nous emporte et non la performance technique qui nous sidère...
En l’occurrence, avec les Estelon, on peut parler d’un système parfaitement cohérent, dont Thierry Samoil est d’ailleurs très fier ! Même si l’association nippo-estonienne n’avait rien de prédestinée, elle s’avère magique sur le plan auditif… Toutes grandioses que ces enceintes et leurs grandes soeurs avaient pu nous paraître lors de l’écoute que nous avions mené au Salon Hifi Home Cinéma, elles semblaient aussi manifester une pointe de mordant presque «trop précis pour être vrai». Ici, en partenariat avec les Accuphase, les Estellon affichent en permanence un caractère organique et souple, et surtout, surtout, une image stéréophonique d’une précision et d’une profondeur hallucinantes. La mise en phase géométrique des haut-parleurs (placés selon un arc de courbe dont l’auditeur serait le foyer) n’y est certainement pas étrangère. Les résonances de coffret sont imperceptibles, si elles existent. Par la pensée, on se déplace avec une aisance confondante entre les différents pupitres. Il faut donc courir chez Music-Hall, non sans avoir pris rendez-vous au préalable (cela facilitera les choses pour tout le monde), écouter d'urgence ce merveilleux système !
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Mais l’écoute de ces très beaux «monitors» nous permettra de «confronter» le serveur Soolos et la lecture CD. Alors, faut-il rejeter le média opto-mécano-électronique et lui préférer sa contrepartie 100 % solid state ? Il sera finalement difficile de trancher. Quoique… Le CD Accuphase DP 400 apportant une forme de rondeur et de musicalité, de restitution parfaite du legato et du rubato du jeu pianistique d’Alfred Brendel. Sur le même programme le serveur Soolos donne, lui, l’impression d’un piano plus physique, plus droit, plus carré. Pour nos amateurs venus avec un impressionnant éventail de gravures historiques, l’affaire est entendue : avantage léger mais certain à la machine Accuphase !
Quand aux «petites» Accordo, elles donnent beaucoup, en justesse de timbre et en délicatesse. Le choix des transducteurs, la forme et l’impressionnante qualité de fabrication de ces bijoux les met à l’abri de toute coloration. S’il est relativement impératif de rester à proximité du sweet spot pour bénéficier de toutes leur qualités - et notamment d’une assise dans le grave qui fait largement oublier leurs dimensions - l’écoute de ce système hors axe reste néanmoins un régal : la largeur stéréophonique est très appréciable et même souvent surprenante. Les sons s’écoulent toujours avec plasticité et fluidité, la perte en consistance étant finalement très limitée. Je ne livrerai pas ici le résultat final du match d’enceintes, car un second round est prévu…
Mais une chose est sûre, il y en a ici pour tous les goûts auditifs et presque tous les budgets !
Music Hall
67 bis rue de Rome
75008 PARIS
Tel : 01 42 94 21 32