Samedi 29 janvier,
Conservatoire Maurice Ravel de Levallois (92)
En ce dernier samedi soir de janvier (toujours glacial), le conservatoire de Levallois programmait sa Nuit du Jazz, sous forme d’un concert en deux parties. A 20 h se produisait l’orchestre d’Yvan Jullien. A 22 h 30, c’était au tour du quintet de China Moses et Raphaël Lemmonier d’entrer en piste.
En dépit d’un effectif jeune, compétent et nombreux (21 musiciens sur scène), le big band d’Yvan Julien peine un peu à motiver la salle. Dommage, car tous les moyens sont là. Mais les interprétations des morceaux choisis par le chef restent un peu convenues voire monolithiques, alors que ce répertoire aurait permis de multiplier les breaks, les ruptures de rythme et de laisser de singuliers riffs émaner de la section cuivre particulièrement fournie de cet ensemble.
On pointera aussi la rythmique trop ostensiblement «funk» de cette machine, qui finit par donner un côté easy listening/jazz FM à presque tous les morceaux égrainés pendant cette première partie. Pour couronner le tout, notons un parti pris de sonorisation qui ne rendait que peu justice aux timbres du piano, à la voix de la sympathique et souriante chanteuse Annick Tangorra, ou aux solistes de la formation qui se succédaient au micro...
On pointera aussi la rythmique trop ostensiblement «funk» de cette machine, qui finit par donner un côté easy listening/jazz FM à presque tous les morceaux égrainés pendant cette première partie. Pour couronner le tout, notons un parti pris de sonorisation qui ne rendait que peu justice aux timbres du piano, à la voix de la sympathique et souriante chanteuse Annick Tangorra, ou aux solistes de la formation qui se succédaient au micro...
° ° °
Après une pause d’une heure environ, soit vers 22h40, le batteur Jean-Pierre Drouard, le contrebassiste Fabien Marcoz et le pianiste Raphaël Lemmonier font leur apparition sur scène. Ils sont rapidement rejoints par China Moses, pour un hommage appuyé à l’une de leur principales égéries musicales : Dinah Washington.
Cette fois, c’est un gros son de qualité, plutôt bien timbré, qui s’échappe du système de sonorisation de la très belle salle du Conservatoire Ravel. On notera néanmoins le niveau un peu élevé de la contrebasse, qui sur certaines notes excite les résonances de la salle. Mais dès les premières mesures, le sens du groove du trio (pas encore rejoint par le saxophone) est manifeste… Et ne se démentira d’ailleurs sur aucun morceau.
La sculpturale China, bien en verve, tient à nous conter quelques anecdotes marquantes de la vie de Dinah l’étoile filante, célèbre dès l’âge de 18 ans au sein du big band de Lionel Hampton et précocement disparue à 39 ans. Une personnalité haute en couleur, grande amatrice d’hommes, ce que souligne notre chanteuse franco-américaine en reprenant les titres «Mad about the boy», «Evil gal blues» et «Fat daddy»… Dans ces reprises, China trouve sa propre voix mais emprunte tout de même certaines intonations à la Queen of the blues originale.
Les quatre musiciens se lancent ensuite dans une longue et hypnotique reprise soul de «Cry me a river», arrangée spécialement pour China par Raphaël Lemmonier, et introduite par un long duo batterie/contrebasse au swing irrépressible.
C’est sur ce morceau qu’apparaît enfin le saxophoniste Daniel Huck, avec un son très appuyé et un sens de l’humour manifeste.
Puis c’est «Lover come back to me», suivi de «Dinah’s blues», composition originale de China et Raphaël, et «Call me irresponsible» que la fantasque Dinah revendiquait avec lucidité.
Le quintet offre un florilège de titres figurant sur le disque This one’s for Dinah, enregistré en studio mais dans des conditions proches d’un enregistrement public (pas de re-recording ni de montage a posteriori).
Le quintet offre un florilège de titres figurant sur le disque This one’s for Dinah, enregistré en studio mais dans des conditions proches d’un enregistrement public (pas de re-recording ni de montage a posteriori).
L’enthousiasme du public est total. Il s’agit d’un set chaleureux, placé sous le signe de la générosité et de l’humour, susceptible de réconcilier les esprits les plus réticents avec le jazz vocal. Nous sommes loin de l’ambiance empesée de certains concerts où le jazz présente encore les apparences d’une musique élitiste.
Avec au micro une China Moses complètement désinhibée, magnifiquement entourée par quatre musiciens monstrueusement doués et dévoués à la cause, ce beau moment de musique s’achève sur un unique rappel, «I just wanna make love with you», cette fois dédié à Etta James. Probablement une des prochaines figures qui seront célébrées par cette formation dans leur album à paraître, attendu vers avril prochain...