lundi 12 avril 2010

High End Days 2010 - 1




Sélection d'auditoriums parisiens ayant participé aux High End Days 2010 (et présentés selon un ordre alphabétique impartial !)



Acoustic Gallery

Chez Acoustic Gallery, on avait décidément le choix des sources, et sous toutes leurs résolutions, avec pour commencer une platine TD Brinkman Oasis (15000 € avec son bras 10.5) et une cellule EMT modifiée (3000 €) délicatement manoeuvrées par le maître des lieux Thierry Chrétien.

Et pour le numérique, les lecteurs CDC Nagra (14400 €) et EMM Labs XDS1 (24500 €), et même un dock ipod Wadia... Le tout posé sur un meuble HRS.

Reposant aussi sur une abondance de plateaux HRS et saupoudrés de blocs anti-vibratoires du même métal, l'amplification déployait une batterie complète de références Aesthetics : le préampli phono Rhea (7950 €), le préampli ligne Calypso Signature (7950 €) et les blocs de puissance monophoniques Atlas Signature (18600 € la paire), qui alimentaient, grâce à une câblerie Kubala Sosna Elation  des plus ésotériques, une paire de toutes nouvelles enceintes B&W 802 D (14000 €).


Toutes nouvelles et donc malheureusement peu rôdées, ce qui leur conférait une saveur verte et tannique assez prononcée en ce premier jour de manifestation. 

Ah, mais l'invincible Martial Hernandez était placé aux commandes du système, et s'employait déjà à lui faire perdre assez vite sa raideur - avec notamment des réglages de volume qui, s'ils avaient été ajustés au potentiomètre rotatif, auraient plus souvent taquiné l'heure du goûter que caressé tendrement celle du petit-déjeuner, si vous voyez ce que je veux dire ! 

Mais aussi avec un programme musical d'une richesse peu commune, émaillé des savantes analyses et croustillantes anecdotes dont il a le secret. Un progamme complété, précisons-le, par quelques unes des meilleurs gravures analogiques et numériques distribuées par l'importateur français Jazzybird, présent lui aussi. 

Enfin, il faut croire que la méthode a du bon ! Car le dimanche après-midi,  les belles anglaises n'avaient certes pas cédé devant l'assaut, mais s'étaient déjà singulièrement assouplies et s'épanouissaient plutôt bien dans la grande pièce de l'auditorium. 

On pouvait le constater avec le vibraphone de Milt Jackson sur «Nature Boy», incroyable de... naturel percussif et musical, tout autant qu'avec la symphonie du nouveau monde de Dvorak dans le prestigieux pressage vinyle Esoteric (version Istvan Kertesz à la tête du Wiener), où l'on voyait littéralement les cordes des violoncelles et contrebasses vibrer devant nous (dépêchez-vous, car après mon passage je crois qu'il n'en reste plus que deux exemplaires sur le marché français !).

Sans parler de la dynamique restituée, de la largeur de bande, de l'image stéréophonique, toutes superlatives - et toutes réunies notamment pour une comparaison d'interprétations et de prises de son de symphonies de Schostakovitch, dont les furieuses scansions ont dues être répercutées assez loin dans le réseau des catacombes du 17e arrondissement. Et s'il on ne cherche pas à approcher des niveaux un peu réalistes avec ce type de matériel, avec quoi le ferions-nous ?

Pour ma part ce fût une réconciliation car, exceptées les époustoufflantes et plus compactes Signature Diamond, et en dépit de l'image prestigieuse de la marque, B&W produisait selon moi ces dernières années des modèles d'enceintes trop ostensiblement analytiques et/ou difficiles à mettre en oeuvre...


Audio Synthèse

La réconciliation avec BW s'est poursuivie, avec ces mêmes 802 D, également démontrées chez Audio Synthèse dans le cadre d'un système et d'une acoustique totalement différents. Et avec des modèles sans doute beaucoup plus rôdés (mais pas encore assez selon les spécialistes du lieux, qui pratiquent la marque anglaise depuis des années. Grand bien nous fasse, les experts de la rue de Prague sont des puristes !).


Même dans le salon de taille moyenne où elles prenaient place (et où l'on aurait pu les croire un peu à l'étroit pendant les périodes de grand affluence), ces grandes filles s'effaçaient littéralement devant la musique tout en procurant une focalisation très ponctuelle des sources sonores.


Première écoute dès mon arrivée : le quatuor à cordes opus 5 de Franz Xaver Richter par l'ensemble Rincontro (sur le label Alpha), qui constitue un test assez redoutable en matière tonale. 

Immédiatement, le caractère enjoué et naturel de l'interprétation éclatait au grand jour. Aucun gonflement instrumental n'était à déplorer, les timbres étaient justes et la précision de la scène sonore exemplaire. Le violoncelle solo d'Emmanuelle Bertrand interprétant les Trois strophes... de Henri Dutilleux (prise son Radio France, disque paru chez Harmonia Mundi) était ici restitué de manière hyper-expressive, incroyablement définie, tout en étant replacé dans une acoustique vaste et naturelle. On se serait levé pour embrasser Emmanuelle.


Gros choc aussi avec un extrait du dernier album de Peter Gabriel («My body is a cage») en résolution 48 kHz - 24 bits, avec une restitution absolument démentielle de pureté et de densité. Le grand frisson. Une matière sonore et un réalisme instrumental qui laissaient pantois, sans pratiquement aucune limitation subjective dans le bas du spectre. Et n'évoquons que pour mémoire les plus anciens enregistrements de Joni Mitchell, d'Archie Shepp ou de Michel Portal qui s'enchaînaient, totalement transfigurés par le système.

Placé en amont du système,le lecteur de fichiers Linn Klimax DS (15000 €) rappelait au passage qu'en dépit d'un prix un peu astronomique quand même, il se pose tout simplement comme l'une des meilleures sources du monde, point. Il suffisait de constater à quel point un simple CD transféré sur disque dur et lu par le DS (dans sa bête résolution d'origine, donc) gagne en profondeur, en qualité des timbres et en fluidité. 


Ce petit monstre compact était suivi des tout aussi discrets préampli Linn Klimax Kontrol (10500 €) et des blocs d'amplification Klimax Solo 500 (20700 €), reliés entre eux par un câblage mono-marque Linn, comme il se doit.


Jefferson à l'hôtel Bristol


Deux marques mythiques associaient leurs nouveautés dans un grand salon de l'hôtel Bristol, sous la bannière de Jefferson, importateur et revendeur situé à Pérouse (90).



Focal d'une part, avec les nouvelles enceintes Grande Utopia (130000 € la paire), troisièmes du nom, désormais présentées avec le suffixe EM (voir explication ci-dessous), qui constituent une véritable somme technologique sans compromis dans laquelle chaque détail a été pensé en vue de la meilleure performance objective et subjective possible. 


Après avoir adressé avec succès la problématique des membranes (tweeter à dôme inversé au béryllium, cône des haut-parleurs medium en structure W multi-matériau), de la géométrie des moteurs (augmentation de la longueur des bobines, intensification et uniformisation des champs magnétiques produits), de la géométrie des coffrets et de leur articulation (système Focus Time), il ne restait  plus qu'à remettre en cause la conception même des boomers !

C'est donc chose faite avec les nouvelles Grande Utopia EM et Stella Utopia EM, qui font donc appel à un haut parleur de grave à excitation magnétique, c'est à dire dans lequel le champ est produit non plus par un aimant permanent mais par un électro-aimant alimenté en courant continu (ce qui permet d'ailleurs une sorte de réglage fin du rendement de celui-ci).

Goldmund, d'autre part, présentait de nouvelles références de sources, préamplificateurs et amplis de puissance, tels que le Eidos 20 CD (12990 €), le Mimesis 16 16 ch (23600 €), les bloc Telos 250 (22780 € la paire). 


Sur l'image ci-contre, c'est le Telos 350 qui est représenté. Ce modèle bénéficie d'une «mise à la terre mécanique» extrêmement sophistiquée dont on aperçoit un élément affleurant au sommet du coffret, lui-même réalisé en épaisses plaques métalliques de densité toutes différentes.

Ici aussi, abondance de supports et palets anti-vibratoires HRS, «accessoires» à la qualité de fabrication aéronautique, et dont le prix atteindrait presque - pour un meuble complet équipé des meilleures plaques de découplage de la gamme - celui d'un petit avion de tourisme ! Bon, j'admets exagérer un peu…


Toujours est-il que pour faire fonctionner de tels systèmes sans compromis (ou même sensiblement moins ambitieux), dans ce genre de conditions adverses (épaisse moquette d'un salon ouaté, ou, à l'inverse, craquant parquet dans une pièce très claire) HRS se démarque fortement de la meute pléthorique des accessoiristes ésotériques.


Cet énorme système était déployé dans un salon acoustiquement très amorti et avait été «focalisé» dans l'optique d'écoutes collectives. Du coup, c'était surtout une sensation (d'extrême) confort sonore très enveloppant, d'immense décontraction et de sérénité, qu'exprimait cette configuration. Plutôt que la recréation d'une image sonore tridimensionnelle holographique (dont on sait pourtant qu'elle en est parfaitement capable). 

Une configuration au potentiel pratiquement illimité que ce soit en termes de bande passante ou de pouvoir d'analyse. Un système avec lequel on écoute beaucoup de musique, pendant des heures si possible, et qui parvient même à transcender par son impression de tranquille présence le plus négligeable disque de variétés... Mais avec lequel on prend évidemment un plaisir rare à écouter l'orchestre symphonique ou de chambre, des formations jazz acoustiques ou électriques, ou encore des standards pop tels que «Riders on the storm» des Doors ou «Karmacoma» de Massive Attack.

Evidemment, les résultats obtenus variaient énormément d'un enregistrement à l'autre, mais sur une bonne prise de son les énormes Grandes Utopia s'avéraient capable de ne pas dilater systématiquement les sources sonores, tandis que les électroniques Goldmund faisaient preuve d'une constante et soyeuse délicatesse.

Et, chose assez rare, ce système fonctionnait déjà très correctement dès vendredi matin - pour atteindre un régime de croisière à la fois plus posé et plus tonique (c'est possible !) dimanche en fin de journée. La présence attentive (et attentionnée) de Gérard Chrétien (n° 2 de Focal) et de Jefferson Torno n'y était certainement pas étrangère.







High End Days 2010 - 2





Suite de la visite


Présence Audio Conseil nous proposait un festival de marques, françaises pour la plupart.

Dans la grande salle du rez-de-chaussée, le ridiculement mince mais sublime intégré Devialet D-premier (10000 €) animait avec une totale maîtrise, une précision époustouflante et une musicalité renversante les enceintes Focal Stella Utopia EM (70000 € la paire), pourtant assez imposantes. 

Cette nouvelle enceinte était d'ailleurs présentée pour la première fois. Elle embarque pratiquement toutes les technologies que l'on retrouve sur leurs aînées les Grandes Utopia EM : tweeter béryllium, médium à membrane W et très longue bobine motrice, boomer à excitation paramétrable en courant. Mais sur ce plus petit gabarit, mince, pas de manivelle arrière de focalisation des blocs haut-parleurs ! Et en amont de ce tandem, une brochette de sources DCS, connues évidemment pour leur transparence ultime.

Pour ma part, la découverte du D-premier, produit français bourré de technologies de l'espace, fut un véritable choc. Sur l'excellent Nothing ever was, anyway (ECM), le trio jazz de Marilyn Crispell se déployait en effet avec une matière et une transparence inouïes, totalement dépourvues de dureté numérique.

Cherchez bien. Un Devialet D-premier
se cache sur cette image...

Il faut parfois changer d'angle de vue pour voir apparaître les choses les plus proches !

A noter au passage le contraste des corpulences entre l'électronique et les enceintes. Et pourtant, l'ensemble tournait bien rond... 

Cette association électronique - enceintes semble réaliser une forme de quadrature du cercle présentant à la fois les qualités d'un gros système de monitoring et celles d'une chaîne haute fidélité domestique conçue pour le plus pur plaisir de son propriétaire. Car le beau bloc chromé (qui me dit-on fonctionne aussi très bien en position horizontale !) n'avait aucune difficulté à driver les imposantes Stella, sans présenter le moindre signe de surchauffe.

Au premier étage, on retrouvait les petits monitors Focal Diablo Utopia, qui portent assez bien leur nom ! Et se débrouillaient merveilleusement dans une grande pièce pourtant très encombrée d'autres modèles d'enceintes. Côté source, La Rosita Black Hole, ensemble constitué de deux coffrets (circuits et alimentation séparés), d'un ipod, d'un écran et d'un clavier, et du logiciel embarqué itunes



Cet ensemble constitue de fait une source universelle, à la fois serveur de fichiers son, lecteur de CD, de DVD - et probablement bientôt de Blu-Ray - construite autour d'une carte mère d'Apple imac, dont Dan Bellity, directeur de La Rosita, vante les qualités et fortes aptitudes à l'audio et à la vidéo haute définition. Le prix de la configuration complète, non encore commercialisée, sera probablement situé entre 15 et 18000 €, selon les options. Attention, car à ce prix là, la compétition internationale est sérieuse !

Cette source high tech elle aussi - mais en revanche pas tout à fait compacte - nous faisait frissonner à l'écoute d'Yves Montand, de Charles Trenet et de vieux standards de jazz qui passaient avec une douceur et une fluidité assez miraculeuses.

Et le mariage avec le nouvel ensemble Cello Chorale (préampli), Master (alimentation) et Encore (ampli) s'avérait des plus harmonieux.



Enfin, c'était au tour de Gilles Milot de présenter ses nouvelles créations acoustiques (puisque d'«enceintes» il n'est plus guère question ici), associées à l'ampli intégré Néodio 1200 (8200 €) et au lecteur CD haut de gamme NR 22 (9800 €) réalisés par Stéphane Even

Au premier contact visuel avec ces «concept speakers» dans leur version initiale (8000 € la paire), on imaginait assez aisément qu'elles puissent être capables de diffuser une image tridimensionnelle enviable. Mais on les attendait au tournant avant même la première ligne droite sur le plan de la corpulence sonore...

Nous dûmes assez vite nous raviser ! Car bien ravitaillées en courant par le vigoureux intégré Néodio, ces étranges cigognes diffusent un message ample et hyper stable, d'une indéniable et envoûtante consistance. Et, bien sûr, la qualité d'espace retranscrite est assez saisissante.

Le concepteur des «concept speakers» insiste sur l'absence de coloration propre au système, «qui ne fabrique pas son propre grave», du fait même de l'absence de coffret, et qui n'appose donc pour ainsi dire aucune signature sonore. Ces modèles sont cependant étudiés pour être placés à quelques 40 cm du mur arrière afin d'en renforcer la réponse dans le bas du spectre (ce qui n'était d'ailleurs pas le cas ici, mais correspond à une situation normale de mise en oeuvre domestique).

Il reste que ces transducteurs peineront sans doute un peu à fissurer les murs du salon de votre manoir normand, et que leur microscopique rendement (80 dB) impose le choix d'un compagnon bien musclé. Mais est-ce véritablement un problème ?

Nous sommes tentés de répondre par la négative, car dans le cadre de ces écoutes, le manque relatif de fondations - qui sera progressivement comblé dans les déclinaisons futures du produit - n'est en aucun cas ressenti comme une frustation. Et n'empêchait certainement pas de jouir de la musicalité sans reproche de l'envoûtant «Temptation» de Diana Krall (album The girl in the other room). Fonctionne aussi avec d'autres titres et d'autres programmes musicaux !

Gilles Milot,
le Calder de l'acoustique française,
a réussi un tour de force :
ses haut-parleurs sont presques dématérialisés !

 

Ce week-end, l'auditorium Sound & Colors accueillait plus spécifiquement le constructeur français Cabasse, mais n'avait pas pour autant restreint l'accès de ses salons d'écoute riches en autres belles marques, dont bien sûr la déjà mythique mais bien réelle Magico.

Mais le fabricant brestois, fierté nationale de l'acoustique, profitait d'un écrin de rêve pour exposer plusieurs modèles remarquables. Tout d'abord dans la très grande salle d'accueil, qui accueille - en permanence d'ailleurs - l'immense système multi-amplifié La Sphère (120000 € avec le filtre actif et les 8 amplificateurs de puissance).


 
Dans les autres pièces, nous retrouvions tout d'abord un système terminé par les récents modèles sphériques Riga de la série Artis (7500 € la paire), complétés par le luxueux caisson de grave paramétrable Santorin 30 (3000 €). 

Comme fournisseur de courant alternatif musical, un ensemble d'entrée de gamme américain : le préampli TL 2.5 (3500 €) et l'ampli ST 85 (3300 €) de chez VTL, marque qui revient en force avec une nouvelle ligne esthétique très réussie et des performances subjectives assez enviables. En source, le lecteur Ayre CX-7e (3800 €), marque également importée par Sound & Colors. 

Dans cette pièce de taille modeste mais excessivement réverbérante, le système assurait pourtant une clarté et une intelligibilité supérieure des voix. L'ensemble faisait preuve d'une musicalité poussée, avec une très belle notion de filé entre les notes (sans doute un point fort des nouvelles électroniques VTL, et que ne trahissaient pas les Riga) et selon moi une petite coquetterie dans le haut grave (pas désagréable du tout). Au total, une image très flatteuse et un son bien consistant, dépourvu de toute agressivité, que ce soit sur des instruments un peu verts ou pendant les forte d'orchestre. Ou comment concilier originalité et beauté des formes avec plaisir musical.

En salle audio/vidéo, un ensemble Primare et Cabasse mettait en scène un pack d'enceintes «polyvalentes» Ambrose 3 (1400 € l'unité) - colonnes utilisées en tant qu'enceintes avant, centrale et arrière et que l'on peut plaquer au mur - complétées par le caisson Santorin 30. Finition superbe, forme peut être un peu saillante (mais pouvant être encastrée), performances sonores précises et généreuses. A mon arrivée, un hard-rocker égaré (je plaisante) tenait à écouter un concert de Deep Purple en 5.1 et je peux dire qu'il valait mieux avoir ses chaussures bien lacées.

Visite conclue par un retour à La Sphère, pour une écoute prolongée. Il s'agit évidemment d'un système très ambitieux, dont il faut immédiatement préciser qu'il ne peut libérer son potentiel qu'au sein d'une configuration adaptée. Cela passe évidemment par une salle d'écoute aux dimensions adaptées (c'est bien le cas ici), mais où les  transducteurs doivent être très éloignés des murs les plus proches (ce qui n'est pas le cas en revanche). Il ne leur faut peut être pas du plein air, mais du champ libre, oui ! Or la très belle salle d'accueil de Sound & Colours présente une acoustique très réverbérante. 

Ceci étant posé, nous commençons volontairement l'écoute avec un quatuor à cordes, puis la poursuivons avec une petite formation de jazz piano/basse/batterie. Sur ces extraits acoustiques très propres, les instruments sont reproduits dans leur vraie grandeur, sans effet de loupe. 

Le touché est précis, avec beaucoup de matière instrumentale, mais le message présente une pointe de verdeur possiblement introduite par les blocs d'amplification numériques, qui sont développés en collaboration avec la marque Bel Canto. La  focalisation est très précise mais la scène sonore affiche un relatif trou au centre car du fait de la proximité du mur arrière, on sent que le champ de diffusion sonore reste un peu cantonné à la proximité immédiate des enceintes.

Ce qui est à porter au crédit du filtrage actif, c'est la grande liberté de mouvement, le caractère vif et enjoué des interprétations. Le passage à l'introduction de la 8e symphonie de Schostakovitch montre bien que cette vivacité n'est pas feinte : la sensation d'aération est inouïe et le reste à tous niveaux d'écoute, les accélérations sont fulgurantes, et le système semble n'avoir aucune limite dynamique.

Cet autre système sans compromis est donc susceptible de s'effacer complètement devant la musique, mais nécessite évidemment une pièce adaptée ainsi qu'une installation poussée, qui est d'ailleurs réalisée en tous points du globe (terrestre) par Christophe Cabasse en personne.


Conclusion

Ces trois jours de fête - ne boudons pas notre plaisir de voler d'auditorium en magasin spécialisé sous un beau ciel bleu - et de quête de l'absolu sonore auront donc amplement démontré qu'au delà de la technologie et du look précieux des appareils présentés, la véritable haute fidélité d'exception est avant tout faite pour le plaisir. 

Que les nouvelles technologies qui supplantent désormais le CD ou révolutionnent la notion même de haut-parleur nous amènent encore plus près de l'émotion musicale, dans une mesure qui est tout sauf anecdotique. 


Et que, dans cette belle course à la fidélité, à la compacité et au design, les constructeurs français se portent plutôt bien...

Un bilan assez réjouissant, en somme !




samedi 10 avril 2010

Heiwa Daiko au Carré Belle Feuille de Boulogne-Billancourt




On a frappé ?

Heiwa Daiko, ou Tambours de la Paix, ensemble de sept percussionnistes utilisant les instruments traditionnels japonais, est de nouveau en tournée en France depuis fin mars (et jusqu'à début juin). 

Fabien Kanou, leader du groupe, est également facteur d'instruments et organisateur de stages d'initiation à cet art de la frappe (toute pacifique donc !) qui s'appelle le Taiko. Selon lui, le Taiko a le pouvoir d'apporter la joie et d'apaiser la colère. Mais, historiquement "... les tambours Taiko excitent les troupes et intimident l'ennemi sur les champs de bataille, paradent dans les rues des villages pour appeler leurs habitants à des fêtes ; on en joue lors de cérémonies présidant à la plantation du riz, leurs sons tonitruants font fuir les insectes et éveillent les esprits de la pluie..."

Les amateurs franciliens de curiosités sonores percussives pourront assister à la représentation du 13 avril prochain à 20h30 au Carré Belle Feuille de Boulogne-Billancourt ou à celle du 4 juin à l'Espace Coluche à Plaisir. Rappelons que le groupe s'était produit à Paris début 2009 à La Cigale...

En 2010, le public de province est davantage gâté, puisque le spectacle vient de faire un long stage à Lyon et se déplacera ensuite à Montpellier et Limoges. 

Ces quelques nouvelles occasions de voir et d'entendre cette formation ne sont à rater sous aucun prétexte ! 


Carré Belle Feuille
60, rue de la Belle Feuille
92100 Boulogne
Tel : 0155185400


Espace Coluche
980 Avenue du Général de Gaulle, 78370 Plaisir
Tel : 01 30 07 55 50 - Fax : 01 30 55 67 60


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mercredi 7 avril 2010

Qwartz 6 - Marché international des musiques nouvelles




Les musiques nouvelles 
ont fait salon



Vendredi 2 et samedi 3 avril, la sixième édition de Qwartz, marché international des musiques nouvelles, a investi l'ex-Palais de la Bourse, déserté par les traders depuis la fin des années 80, et donc désormais bien calme. Cette manifestation se propose d'être un lieu d'échange entre professionnels du domaine, mais est ouverte au public. L'entrée est libre. 

C'est aussi le lieu de la remise des Qwartz, prix internationaux décernés à des artistes "électroniques" après qu'un jury composé de professionnels et d'amateurs - cette année présidé par Gudrun Gut et Alejandro Jodorowsky - ait procédé à l'analyse de quelques 4077 oeuvres. La shortlist avant sélection finale est d'ailleurs gravée sur un triple CD qui reprend le visuel élaboré par Enki Bilal (et que l'on doit pouvoir se procurer en ligne). 

Des prix honorifiques sont aussi décernés. Ils couronnent un artiste pour la globalité de son oeuvre ou pour une création spécifique. Cette année, ce sont Laurie Anderson et François Bayle qui ont respectivement reçu un Qwartz d'honneur et un Quartz Pierre Schaeffer.  Quant au Qwartz Max Mathews, il était décerné à Olivier Sens pour son logiciel Usine (voir ci-dessous).

Qwartz est aussi l'occasion de sessions de conférences d'acteurs du domaine, de concerts de musique électronique et de projections de films documentaires. L'acoustique un peu difficile du Palais Brogniart a donc pu réverbérer les voix et compositions de Luc Ferrari et de Pierre Schaeffer, deux figures particulièrement mises à l'honneur pendant cet événement. Pierre Schaeffer, dont on fête cette année le centième anniversaire de la naissance, et que l'on retrouvait, totalement à l'aise et bourré d'humour percutant, pour ne pas dire percussif, dans un savoureux documentaire La leçon de musique, produit en 1979 par l'INA.

Une soixantaine de stands étaient occupés par des labels discographiques, des éditeurs de livres ou de magazines, des organisateurs de festival, des collectifs d'auteurs, des prestataires de "services numériques" aux compositeurs d'aujourd'hui.


Parmi les labels discographiques, tous assez pointus - voire confidentiels, comme on peut l'imaginer - citons l'éditeur canadien empreinte DIGITALes, un des seuls du marché à proposer, depuis 2005, des DVD Audio surround qui permettent de profiter de toute l'ampleur de créations électro-acoustiques récentes. Tel le disque [60]Project, autre hommage collectif à Pierre Schaeffer, réalisé par Mathew Adkins en 2008 avec la complicité d'une soixantaine de compositeurs actuels, élaboré dans son propre studio puis mixé à Paris au Groupe de Recherches Musicales de l'INA.

On signalera également le distributeur (pourvu d'un très riche catalogue d'oeuvres) et label à part entière Experimedia - sound objects, venu délivrer quelques nouvelles références dont l'intriguant, minimal et très texturé album Worried about the past d'Aaron Martin. Superbe artwork que celui des fines pochettes de ce label, mais qui laissent un peu trop facilement s'échapper leur contenu...  

Stand partagé avec Home Normal, label anglo-japonais ayant signé Hiding nature (entre autres raretés), la dernière production d'un certain Jason Corder aka Offthesky - qui signe ici un bel exercice ambient et concret aux ingrédients naturels (vibraphone, guitare électrique) mais puissamment transformés par l'outil informatique.


Quelques revues spécialisées étaient présentes, dont le magazine Trax, qui à l'occasion de Qwartz 6 annonçait le recentrage de sa ligne éditoriale vers davantage d'articles de fond. On trouve ainsi dans les derniers numéro outre les incontournables actus techniques, la présentation d'un seul device, suivie de plusieurs portraits d'artistes de la scène électronique et de quelques reportages "en studio avec" ou "sur la scène". 

Sans oublier les "disques du mois" et l'inévitable agenda, détaillé mais pas fouillis. Et toujours, encarté dans chaque numéro, un CD sampler de morceaux originaux ou remixés, en versions intégrales s'il vous plaît ! A la une du numéro d'avril, le français Wax Tailor recouvert de vinyl fondu, accompagné de son CD monographique, qui, loin de s'enliser, aurait plutôt tendance à décoller...


Musiques & cultures digitales (mcd) est une autre parution, bimestrielle celle-ci, que l'on ne trouve pas en kiosque mais dans des lieux de culture sélectionnés, pour la modique somme de 3 € le numéro. On peut aussi s'abonner. A défaut d'avoir les numéros en main, le site internet de la revue est déjà très touffu.

mcd arbore une mise en page sophistiquée, couchée sur papier épais et agrémentée de photographies très soignées. Au menu : portraits et interviews d'artistes numériques et multimédia, analyse de courants artistiques et technologiques, critique de disques sélective. Un autre style, en apparence plus intello (mais dans le bon sens du terme - oui, il y en a un).
En somme, la grande classe.



mcd publie aussi des numéros hors série très intéressants parce que très bien documentés, tels le Guide des festivals numériques qui paraît au mois de mai, ou encore le récent et superbe Live A/V dédié aux performances audiovisuelles (et c'est bilingue français-anglais !).




Nous le disions plus haut, Qwartz est aussi l'endroit où l'on prime les concepteurs. Une récompense on ne peut plus méritée cette année pour Olivier Sens et son logiciel Usine, que j'ai envie d'appeler, tiens, un méta-séquenceur. Pourquoi méta ? Bon, déjà parce qu'aujourd'hui, si tu n'es pas méta (ou au pire multi), tu n'es presque rien. C'est dur, mais c'est comme ça !

Mais aussi, plus sérieusement, parce la nouvelle version 5 parue il y a peu embarque des fonctionnalités qui font de cet outil très peu coûteux (120 € pour la version pro complète) une des meilleurs plateformes du marché pour la création d'oeuvres audiovisuelles. 


Sur une logique de séquenceur "traditionnel" se greffe le concept de patches configurables qui permettent d'importer et de paramétrer efficacement toutes sortes de plug-in d'effets, de déclencher à peu près n'importe quelle action sur tout type de condition, et de définir une espèce de super table de mixage virtuelle (grid concept), d'un niveau de complexité adapté au projet par l'utilisateur lui-même. Et tout celà reste d'une utilisation très simple dans le contexte du live. Pour couronner le tout, les automatisations que l'on peut définir sont pratiquement illimitées et adressent virtuellement tous les paramètres d'une composition (jusqu'à la trajectoire individuelle de multiples sources sonores sens déployant dans un environnement multicanal).

Car ce logiciel est bien entendu compatible midi et permet donc d'affecter les commandes "self-defined" des patches d'effets à des surfaces de contrôle. Mais, et c'est là la nouveauté majeure de la version 5, cette (fausse) usine (à gaz) gère aujourd'hui le mode multitouch offert par les écrans tactiles. 

Résumons-nous : 
Désormais avec Usine V5, un PC, un écran tactile et quelques surfaces, on fait... à peu près tout ce que l'on veut, avec un degré de contrôle temps réel qui frise la perfection ! Et on peut même faire davantage, puisque ce logiciel traite nativement le surround sur 16 canaux, intègre l'image (video tracker module), et j'en passe... C'est ce que montrait notamment Hervé Biroli pendant l'interprétation live de ses Silent Traces lors du concert du samedi.



Les organisateurs d'événements étaient également de la partie.

On citera notamment le festival de musique contemporaine acanthes/Ircam, organisé par l'ACDA, qui aura lieu du 1er au 16 juillet prochains à Metz, et qui réunira des compositeurs émérites : Beat Furrer, Hanspeter Kyburz et Tristan Murail. 

Manifestation qui est aussi l'occasion de la tenue d'ateliers de composition, d'interprétation et d'informatique musicale, où les compositeurs pourront se former à la suite d'outils logiciels conçus et/ou promus par l'Ircam : Max/MSP, AudioSculpt, Modalys, OpenMusic, dont nous avons longuement parlé en janvier dernier à l'occasion d'un article sur la Semaine du Son.

Avant cela, l'autre événement d'importance de la région lorraine sera bien l'ouverture au public du Centre Pompidou-Metz, lors des  "Journées inaugurales" programmées du mercredi 12 au dimanche 16 mai 2010.

Arcadi, promoteur du festival d'arts numériques némo, tenait un stand où défilaient les films primés lors des éditions précédentes.

La douzième édition de némo ouvre donc ses portes le 8 avril et les refermera le 17.

Du 8 au 11 avril, le quartier général en est le Centquatre, qui proposera dans ses différents espaces des installations multimédia, des performance audio/vidéo live, des projection de films d'animation ainsi que des rencontres avec certains artistes.

En parallèle et jusqu'au 17 avril, d'autres lieux accueilleront projections et performances : Le Cube à Issy-les-Moulineaux (co-producteur de l'énénement), la Fonderie de l'image à Bagnolet, le Théâtre de l'Agora d'Evry, la Maison des arts de Créteil, etc. Le programme détaillé est bien entendu consultable à l'adresse www.festivalnemo.fr.

La muse en circuit, centre national de création musicale, est une institution rassemblant de fortes compétences et moyens techniques mis à la disposition des compositeurs d'aujourd'hui.


Outre le festival Extension, qui aura lieu cette année du 12 mai au 5 juin et rassemblera des noms illustres (les compositeurs Aperghis, Lachenmann, Reich, Cendo, Matalon, Jarrel ; les interprètes du Klangforum Wien, de l'ensemble Multilatérale, de l'ensemble Ars Nova, le violoniste Garth Knox,...), la Muse se distingue aussi par ses actions de formation (24 heures du son, dans les collèges), et depuis peu par ses activités d'édition discographique. 


C'est ainsi que nous repartions de Qwartz avec un exemplaire tout frais du premier disque du label A la muse, intitulé Trames #, superbe assemblage d'oeuvres électroacoustiques pour la plupart très récentes de Luis Naon, Samuel Sighicelli, Sébastien Béranger, David Jisse et Sébastien Roux, dont on appréciera vite les ambiances intrigantes et la qualité  de son "organique".


Deux jeunes gens sympathiques et dynamiques ont récemment monté la structure yooook (j'ai recompté, il y a bien quatre o), qui apporte une aide logistique à la création numérique, la gestion des droits d'auteurs, l'édition de supports matériels CD/DVD/vinyl, la mise en oeuvre d'une solution de paiement en ligne visible ou invisible pour l'acheteur...

Tout ce qui peut favoriser la visibilité (et donc la fortune ultérieure !) des créateurs qui restent encore dans l'ombre faute d'avoir trouvé un label, de pouvoir engager un chargé de communication, d'être programmés dans des festivals... via une intelligente formule de "jauge à palier" dont on peut découvrir en ligne le mécanisme.



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