samedi 13 février 2010

Hasselblad H4D40


Un pas de plus 
vers la très haute définition photographique


Tout comme l’audionumérique, la photographie digitale bénéficie d’avancées technologiques qui la mènent vers des définitions toujours plus élevées. Après l’arrivée des boîtiers reflex 24 x 36 avec capteurs plein format, le nouveau boîtier moyen-format Hasselblad H4D (qui succède au H3D) fait son entrée en scène, accompagné de dos numériques à 40, 50 ou 60 Mpixels ! Un appareil que les professionnels et journalistes spécialisés étaient invités à découvrir ce jeudi 11 février chez le revendeur parisien dbphoto.

Rappelons que la gamme des boîtiers H  est au format natif 4,5 x 6, et comprend une gamme spécifique d’objectifs autofocus (dite HC). Elle est venue prendre place, depuis début 2000, aux côtés des modèles historiques de la gamme V, dévolus au format carré 6 x 6.

Les performances d’un tel appareil le destinent majoritairement à une utilisation professionnelle, pour prise de vue en extérieur ou en studio. Les très grandes définitions disponibles seront appréciées en photographie d’architecture ou scientifique, en photo de mode ou publicitaire. Mais rien n’interdit en théorie d’en faire aussi un appareil «de reportage». En revanche, pour la photographie de sport, ce sera plus délicat, car la cadence de prise de vue est légèrement inférieure à 1 image/s.

Le boîtier H4D reprend bien entendu l’apparence compacte, racée et futuriste que présentaient déjà ses prédécesseurs de la série H. Dès la première prise en main, on comprend vite que l’ergonomie ces appareils a été étudiée à fond. Équipé d’un dos, d’un viseur, et de la focale standard de 80 mm, l’appareil est très compact et d’un poids qui, s’il n’est pas tout à fait plume, reste néanmoins raisonnable (2,3 kg).
Sa poignée très bien dessinée et l’implantation des commandes principales le rendent particulièrement maniable, même d’une seule main. L’essentiel des commandes est regroupé autour du petit afficheur à cristaux liquides situé sur la face supérieure de l’appareil. Ce dernier permet d’afficher les paramètres de prise de vue de manière indépendante de l’écran de visualisation image situé sur le dos (type TFT, diagonale 3 pouces, 460320 pixels). 

Une bonne formule, qui permet avec l'écran du dos de rester concentré sur la vérification rapide des cadrages et du rendu des images sans être trop pollué par le rappel d’informations alphanumériques. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un boîtier à viseurs optiques interchangeables (à pentaprisme ou de poitrine) qui seront évidemment préférés pour le cadrage avant déclenchement. Ils fournissent en effet une image plein cadre, très lumineuse, avec un rappel discret, à la base de l'image, de tous les paramètres de prise de vue : vitesse, ouverture, sur/sous-exposition éventuelle...

Le H4D embarque quelques fonctionnalités nouvelles ou améliorées par rapport à son prédécesseur le H3D. Citons en particulier l’amélioration de la réactivité de l’autofocus, et l’introduction de la fonction True Focus / Absolute Position Lock. Dans le cadre de l'utilisation professionnelle de boîtiers autofocus, il faut d’une manière ou d’une autre préciser à l’appareil quelle est la zone de l'image sur laquelle on souhaite obtenir la netteté maximale. En règle générale, cela amène le photographe à recadrer après mise au point (si celle-ci doit être faite au centre de l’image), ou à l’inverse rend difficile tout recadrage, dès lors que l’on a privilégié une partie donnée de l’image en activant un mode AF multizone. Et tout recadrage s'accompagne alors d'une erreur de mise au point. Une fois la mise au point effectuée avec le mode True Focus mis en action, l’appareil enregistre en continu tous les mouvements du boîtier (dans les 3 axes) et recalcule en permanence la distance de mise au point exacte par rapport au détail initialement visé. Le photographe peut donc corriger son cadrage, s’approcher ou se reculer de son sujet sans perdre le point. Cette fonction prend ici tout son sens dans la mesure où en moyen-format les profondeurs de champ sont plus courtes qu’en format 24 x 36, pour une distance de mise au point et une ouverture données.

Le H4D se pare donc de nouveaux dos ultra-performants,  intégrant des capteurs d’origine Kodak, déclinés en 3 résolutions et tailles d’image :

- le dos 40 Mpixel, capteur de 33,1 x 44,2 mm,
- le dos 50 M Mpixel, capteur de 36,8 x 49,1 mm,
- enfin, le dos 60 Mpixel, capteur de 40,2 x 53,7 mm.

Pour l’instant, seul le dos 40 Mpixel est disponible. Et le H4D reste utilisable avec un dos argentique. 

La gamme de sensibilité s'étend entre 100 et 1600 ISO (modèle 40) et entre 50 et 800 ISO (modèles 50 et 60). Chaque couleur est codée sur 16 bits. Mais la compression sans perte au format d'image propriétaire Raw 3FR produit avec le dos 40 des fichiers de 50 MO en moyenne. Ces dos abritent une carte Compact Flash (vitesse d’écriture maxi : 90 MO/s), ainsi qu’un port FireWire 800 permettant le raccordement pour visualisation et transfert des fichiers vers une station de travail distante (MAC ou PC).

Une fonction logicielle DAC (Digital Apo Correction) embarquée dans le processeur de l’appareil permet de corriger chaque objectif (aberration chromatique, distorsion et vignetage) en tenant compte de l’ouverture sélectionnée et de la distance de mise au point réglée. L’accessoire HTS1.5 est également pourvu de capteurs qui permettent à l’appareil d’effectuer les corrections liées aux fonctions de bascule et de décentrement qu'il offre. On voit que Hasselblad pousse très loin la correction de qualité optique de tout le système, de manière à garantir un excellent piqué en tout point de l’image.

Le logiciel Phocus, spécialement développé par Hasselblad, est livré avec l’appareil. Il permet de commander l’appareil à distance, d’éliminer les effets de moiré en amont de la chaîne de production de l’image, et permet d’intégrer à chaque image des métadonnées étendues. C’est ainsi qu’avec l’accessoire récepteur GPS GIL, il est possible d’indexer géographiquement chaque prise de vue. Le format de codage Raw 3FR est directement utilisable par des applications telles que Photoshop, mais les fonctions DAC et HNCS (optimisation chromatique) ne sont activables que via Phocus, qui permet aussi une visualisation des images dans les moindres détails.

Des information techniques plus détaillées sont disponibles sur le site de l'inportateur français : http://www.hasselblad.fr/


Les quelques tirages géants réalisés pendant cette journée où il était possible de photographier un modèle - sous éclairage dernier cri confié à deux systèmes Elinchrom - confirment l’exceptionnelle qualité d’image obtenue avec cet appareil (et dont les quelques images ci-dessous ne donnent évidemment qu’un très vague aperçu. Cliquer pour agrandir). Au-delà de l’excellente définition apportée ne serait-ce que par le «plus petit» des nouveaux dos disponibles, ce sont les bien textures, les demi-teintes et la richesse des dégradés qui bénéficient le plus de cette approche moyen format numérique. Bien que la taille du capteur du dos essayé soit encore sensiblement inférieure aux 45 x 60 mm du moyen format argentique, le surcroît de qualité apporté par ce système est indéniable.



Le kit de base comprend le boîtier H4D40, un viseur d’œil HV90x-II, le dos 40 Mpix ainsi que la focale standard HC 80 mm/2,8. Il est proposé au prix de lancement aux environs de 14000 €. Un positionnement prix finalement très correct, si on le compare aux quelques 5 à 6000 € qu’il faut débourser pour acquérir un boîtier nu 24 x 36 à capteur plein format d’une vingtaine de Mpixel.

Et comme tous les boîtiers Hasselblad, il bénéficie d'une robuste construction sur base d'un châssis en aluminium, et d'un irréprochable degré de finition.





Remerciements :
- dbphoto
- Raoul Officiel (modèle)
- Mélanie Robin (prise de vue studio)



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