Sarah Moon, que nous citions il y a peu de temps dans le cadre de l’expostion rétrospective consacrée à Robert Delpire, est de nouveau présente du 3 février au 7 mars à la MEP.
Cette fois avec un récent reportage sur le Théâtre Royal de Turin, effectué en 2009 lors d’une visite nocturne de ce lieu, à l’issue d’un spectacle qui y était donné.
Reportage n’est pas le mot exact, tant il est vrai que la photographe cherche à transcrire l'énigmatique magie de l'endroit par des cadrages d’ambiance, quelques flous de bougé, et à travers la tonalité usée et sépia des images.
Justement, même si l’objectivité absolue n’est pas le but recherché ici, on peut regretter le côté excessivement charboneux des tirages, et leur manque général de contraste. Mais il y figure tout de même quelques très beaux jeux sur les perspectives et les détails (luminaires‚ voûtes tremblées).
Avec l’Afrique héroïque, Philippe Bordas propose trois visions sensibles et humaines du continent noir. En premier lieu avec un superbe reportage sur les chasseurs du Mali. Ces portraits grand format, volontairement vignettés, sont empreints de beaucoup de douceur. Ils ne font pas qu'évoquer avec distance la vie des soldats de cette «armée ressuscitée», mais transportent littéralement le spectateur au plus près de personnages à la fois réels et mythiques de l’ouest africain.
Bordas a suivi dans les rues d'Abidjan le poète ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, qui s'est lancé dans l’écriture dès ses plus jeunes années.
Si son ambition d’encyclopédiste de la culture africaine est forte, ses moyens sont tout à fait dérisoires (il publie ses «articles» sur des cartons récupérés d’emballage de produits cosmétiques) ce qui n'empêche pas les titres de ses écrits de claquer aux oreilles du monde occidental, tel ce «Véritable livre des lois divines révélées dans l'ordre des persécutés»...
Mais il est surtout l’inventeur d'une écriture hiéroglyphale, dont la pierre de Rosette est déployée en 16 tables principales présentées dans l’exposition. Le poète urbain tente de trouver sur la scène de la vie humaine une forme d'écriture spécifiquement africaine.
Bruly le clame haut et fort : «… l'Afrique à été dépréciée parce que présentée comme un continent prétendument sans écriture. Et l’alphabet qu’elle utilise - dont elle devrait se débarrasser - n’est finalement que le fer de lance du colonisateur…»
Autres histoires de (haute) lutte que Bordas nous relate en images : celles des boxeurs kenyans et lutteurs sénégalais ici à l'entraînement. Si Bruly produit une écriture de signes originale, Bordas réinvente pratiquement le geste «photo-graphique» grâce à de sublimes jeux de lumière et d'ombre (série des boxeurs dans leur salle d’entraînement).
Si son ambition d’encyclopédiste de la culture africaine est forte, ses moyens sont tout à fait dérisoires (il publie ses «articles» sur des cartons récupérés d’emballage de produits cosmétiques) ce qui n'empêche pas les titres de ses écrits de claquer aux oreilles du monde occidental, tel ce «Véritable livre des lois divines révélées dans l'ordre des persécutés»...
Mais il est surtout l’inventeur d'une écriture hiéroglyphale, dont la pierre de Rosette est déployée en 16 tables principales présentées dans l’exposition. Le poète urbain tente de trouver sur la scène de la vie humaine une forme d'écriture spécifiquement africaine.
Bruly le clame haut et fort : «… l'Afrique à été dépréciée parce que présentée comme un continent prétendument sans écriture. Et l’alphabet qu’elle utilise - dont elle devrait se débarrasser - n’est finalement que le fer de lance du colonisateur…»
Autres histoires de (haute) lutte que Bordas nous relate en images : celles des boxeurs kenyans et lutteurs sénégalais ici à l'entraînement. Si Bruly produit une écriture de signes originale, Bordas réinvente pratiquement le geste «photo-graphique» grâce à de sublimes jeux de lumière et d'ombre (série des boxeurs dans leur salle d’entraînement).
Elliott Erwitt aime les villes et leurs occupants. Il en a toujours capté (pour lui-même, en marge des commandes qu’il a reçues) les instants d'une géométrie humaine sans cesse mouvante.
A l’image de cette saisissante course d’une automobile et d’un train à vapeur dans le Wyoming. Le face à face, le duo qui se transforme en duel, est effectivement l’un des thèmes récurrents du photographe, comme le soulignent également deux des tirages géants exposés en salle Irving Penn : la joueuse aux prises avec un bandit manchot et le face à face de crise entre Nixon et Kroutchev.
Mais Erwitt est aussi l’ami… des chiens, qui sont selon lui «comme les gens avec des poils en plus», et qu’il photographie avec malice…
Un très riche parcours de plus de cent trente images qui a tout simplement pour titre Personal Best.
Un très riche parcours de plus de cent trente images qui a tout simplement pour titre Personal Best.
Notre Martin Parr à nous s'appelle Luc Choquer. Ses Français sont là pour le prouver, et se déploient dans la petite enfilade de salles du niveau -1. Dans la première d’entre elles, la série d'instantanés domestiques joue moins sur ces contrastes de couleurs si caractéristiques qu’il a développés dans le reste de son travail...
Traits que l'on retrouve mieux dans la deuxième salle. Ici, les images exposées sont plus léchées et d’une meilleure définition. Les personnages y prennent aussi des poses sans doute plus «étudiées». Mais le traitement si particulier de la lumière et de la saturation des couleurs dont Luc Choquer est capable leur donne une vie et un relief particuliers. Du coup, chacune de ces images raconte une histoire.
Expositions visibles jusqu’au 4 avril 2010 (exceptée celle de sarah Moon, voir plus haut), à la Maison Européenne de la Photographie (MEP), 5/7 rue de Fourcy, 75004 PARIS