mercredi 18 novembre 2009

Préampli phono PASS LABS XP15 - Introduction


Origine : USA - Prix : 4250 €
- Distribué par
Pass Labs XP 15 : Un lingot d'alumunium superbe et dépouillé. Et qui chante !

On s’y perdrait presque dans les noms de code des derniers préamplis Pass Labs : XP10 et XP20 pour les préamplis ligne, XP15 pour l’unique préampli phono de la marque - à la veille toutefois de la sortie d’un XP25, qui devrait être un produit sans compromis. Mais ce XP15, conçu par Wayne Colburn, est présenté comme le successeur du fameux X-ono, dont le nom était au moins plus original et évocateur. Qu’importe, là n’est certainement pas l’essentiel !

Jusqu’à présent donc, le XP15 était un concentré des meilleures technologies de Pass en matière de préamplification phono, renfermant, dans un seul coffret à l’apparence luxueuse quoiqu’infiniment dépouillée (une LED bleue en face avant, point final), l’alimentation et les circuits de préamplification à grand gain pour cellules à aimant et à bobines mobiles.


Une unité en fait très universelle d’emploi, et qui était à demi-mot présentée par le constructeur comme l’un des meilleurs préamplis phono au monde. On va donc guetter de près la sortie de son grand frère ! Mais il est au moins vrai que les caractéristiques techniques du XP15 sont superlatives. Citons en vrac :

- gain ajustable par pas entre 46 et 76 dB (sur les sorties symétriques ; mêmes valeurs - 6 dB pour le mode asymétrique),
- résistance d’entrée réglable entre quelques Ω et 1 kΩ pour les cellules MC – positions 1 kΩ et 47 kΩ pour les cellules MM,
- capacité d’entrée réglable entre 100 pF et 750 pF,
- correction de gravure RIAA respectée à +/- 0,1 % entre 20 Hz et 20 kHz,
- DHT inférieure à 0,01 % @ 1 mV en entrée MC,
- Rapport signal/bruit de 81 dB @ 1 mV en entrée MC…



Si la face avant du XP15 est dépouillée, la face arrière l’est beaucoup moins, puisqu’elle comporte l’indispensable connectique (paire de RCA en entrée, paires de RCA et de XLR en sortie, borne de masse, connecteur IEC) et quatre «dipswitches» ou barettes de micro-interrupteurs (deux par canal) servant à ajuster le gain et l'impédance de charge de la cellule. Une utile sérigraphie permettant de guider l’utilisateur dans ses réglagles complète ce panorama.
Un peu de théorie pour guider la mise en œuvre

Rappelons que si la résistance de charge des cellules à aimant mobile est censée être normalisée à 47 kΩ, il en va tout autrement dans le monde merveilleux des phonocapteurs à bobines mobiles, qui constituent à juste titre le choix des amateurs de reproduction analogique.... C'est pourquoi j'ai préféré privilégier ce type de cellule pour cette écoute.

Celles-ci s’apparentent électriquement à de micro-générateurs de tension à faible résistance série (ou à de micro-injecteurs de courant à faible résistance parallèle, ce qui revient au même). Mais elles présentent également une (faible) composante inductive. Et les valeurs de ces résistances et inductances sont très variables d’un modèle à l’autre.

De l'autre côté, le câble de raccordement au préampli et l'entrée de ce dernier présentent traditionnellement une forte résistance, en parallèle avec une composante capacitive faible mais non négligeable.


On considère d’ordinaire qu’il est souhaitable de charger les cellules à bobines mobiles par une résistance de 10 à 100 fois la valeur de leur résistance série, tandis que l’inévitable capacité de charge doit absolument être minimisée. Car ce réseau RLC possède un caractère de filtre passe-bas, avec un pic de résonnance précédant juste la coupure, qui présente une pente du second ordre.

On se reportera avec intérêt à l’article (et feuille de calcul) http://www.hagtech.com/loading.html proposé (en anglais) sur le site Hagerman Tech, et qui permet de calculer les valeurs de charge optimales en fonction des caractéristiques électriques d'une cellule, c'est-à-dire celles qui garantissent à la fois la courbe de réponse la plus étendue dans la bande audio, et la résonance la moins prononcée.

Ci-dessous, on a représenté la réponse correspondant à une cellule de résistance 100 Ω et d'inductance 50 mH, chargée par une entrée phono type MM (47 k Ω), en faisant varier la capacité de charge. Avec 200 pF (100 mini pour le préampli + 100 pour le câble), on voit que la résonnance, assez marquée (+ 9dB), est placée vers 50 kHz...


Mais ces dernières années ont vu (au moins chez certains constructeurs) une tendance à la diminution du nombre de spires des enroulements des cellules MC, ce qui garantit l’extrême légèreté des équipages mobiles – et abaisse d’autant la valeur de leur résistance et de leur inductance. Ainsi, les caractéristiques des modèles utilisés pour cette écoute sont les suivantes :

- niveau de sortie 0,22 mV @ 5cm/s – 3,3 Ohms – 4,5 µH, pour la cellule Lyra Helikon SL ;
- niveau de sortie 0,4 mV @ 3,54cm/s – 4 Ohms – de l'ordre de 7 µH, pour la cellule Transfiguration Phoenix.

On vérifiera facilement par le calcul que dans ces conditions, chargées par les quelques 150 à 200 pF présentés par un interconnect et le préampli en lui-même, la fréquence de résonnance est rejetée très loin dans l’aigu. En l'occurence, à une valeur de quelques MHz, soit bien au-delà des limites du contenu du disque noir et des possibilités mécaniques de la cellule (sans même mentionner celles de l’audition humaine !). Et s'il on veut malgré tout minimiser l'amplitude de cette résonance, une valeur de résistance de charge de quelques 200 Ω s'impose alors. L’influence de ces réglages sur la réponse de tels transducteurs dans la bande audio est donc en théorie assez minime, même s'il on choisissait la valeur maxi de capacité d'entrée du XP15 (750 pF).

Dernier détail, qui a son importance, avant l'écoute : le manuel d'emploi, en français, est très clair et très complet.