Surplombé par une platine Kuzma Stabi Reference désormais bien rodée, le préampli phono XP15 a pris sagement sa place dans le système
Notons tout d’abord le caractère exceptionnellement silencieux du préampli XP15, qui, en circuit ouvert, génère un niveau de bruit intrinsèque particulièrement faible. Le raccordement d’une cellule s’accompagne d’une remontée de bruit tout juste sensible (de toute évidence liée à la captation par cette dernière des résidus ambiants du 50 Hz secteur et des autres rayonnements dans lesquels nous baignons en permanence), et qui reste en tout cas imperceptible même à des niveaux d’écoute élevés.
Comme prévu, avec les deux cellules utilisées, la modification des caractéristiques de charge n’entraîne pas de changement sensible dans la restitution sonore. Cela étant, qui peut le plus peut le moins ! Et les réglages sont là pour ceux qui en auront vraiment besoin.
Cette problématique écartée, on ne peut que rester admiratif devant la grande transparence et la largeur de bande colossale présentées par cette unité – mais aussi et surtout, par sa très grande musicalité. La transparence permet d’une part de bien cerner les différences de personnalité entre les cellules et d’autre part de redécouvrir de nombreuses subtilités dans des disques pourtant bien connus !
C’est le cas avec Oscar Peterson, Joe Pass et Niels Pedersen en concert à Paris (disque Pablo de 1978, lu avec la cellule Transfiguration). En dépit des limites de cet enregistrement (contrebasse un peu tronquée mais d’une formidable fermeté, piano lui aussi écourté dans le grave et l’aigu) et de l’état passablement usé de mon exemplaire, on ressent comme jamais l’incroyable virtuosité de ce trio historique et l’on est vite attiré et captivé par le fredonnement incessant d’Oscar Peterson, pour une fois parfaitement audible. Les vitesses fulgurantes de jeu du bassiste et du pianiste ne mettent jamais cette électronique en défaut, l’intelligibilité des morceaux restant en toute circonstance pleine et entière. Du coup, le caractère typé de la prise n’empêche absolument pas l’auditeur de prendre énormément de plaisir à l’écoute de cette performance, très vivante et d’une immédiateté finalement assez naturelle. Point anecdotique mais assez significatif, les applaudissements font également preuve de beaucoup de douceur…
Autre test révélateur : l’exceptionnelle bande son du film Around Midnight de Bertrand Tavernier, qui réunit le gratin absolu de la scène jazz de l’époque (1986). On savoure ici les titres les uns après les autres, qui passent tous avec un réalisme et une fluidité admirables. Des notes les plus graves des contrebasses jusqu'aux plus bruissantes cymbales, tous les instruments sont magnifiquement présents, articulés et riches en timbre. Sans parler de la scène sonore, quasi-holographique, en largeur et en profondeur. Tout est tellement évident que l'on remarque sans peine le déséquilibre qualitatif certain dans la captation de la voix de Chet Baker, que l'on imagine enregistré dans une toute petite cabine -ou hâtivement coincé entre quatre panneaux isolants- dans le faux club de jazz qui avait été recréé pour la circonstance aux studios d'Epinay (mais dont l'acoustique est par ailleurs exemplaire).
Dans un tout autre style, on éprouve un grand bonheur à l’écoute de la réédition du mythique Aux armes et cætera de Serge Gainsbourg sur vinyle 180 gr, tout au moins si l’on accepte les petites coquetteries dub réalisées un quart de siècle après les sessions originales par l’ingé son Soljie Hamilton –qui à mon sens ne dénaturent pas l’opus original, et lui donnent même un petit coup de frais bien dosé.
Comme prévu, avec les deux cellules utilisées, la modification des caractéristiques de charge n’entraîne pas de changement sensible dans la restitution sonore. Cela étant, qui peut le plus peut le moins ! Et les réglages sont là pour ceux qui en auront vraiment besoin.
Cette problématique écartée, on ne peut que rester admiratif devant la grande transparence et la largeur de bande colossale présentées par cette unité – mais aussi et surtout, par sa très grande musicalité. La transparence permet d’une part de bien cerner les différences de personnalité entre les cellules et d’autre part de redécouvrir de nombreuses subtilités dans des disques pourtant bien connus !
C’est le cas avec Oscar Peterson, Joe Pass et Niels Pedersen en concert à Paris (disque Pablo de 1978, lu avec la cellule Transfiguration). En dépit des limites de cet enregistrement (contrebasse un peu tronquée mais d’une formidable fermeté, piano lui aussi écourté dans le grave et l’aigu) et de l’état passablement usé de mon exemplaire, on ressent comme jamais l’incroyable virtuosité de ce trio historique et l’on est vite attiré et captivé par le fredonnement incessant d’Oscar Peterson, pour une fois parfaitement audible. Les vitesses fulgurantes de jeu du bassiste et du pianiste ne mettent jamais cette électronique en défaut, l’intelligibilité des morceaux restant en toute circonstance pleine et entière. Du coup, le caractère typé de la prise n’empêche absolument pas l’auditeur de prendre énormément de plaisir à l’écoute de cette performance, très vivante et d’une immédiateté finalement assez naturelle. Point anecdotique mais assez significatif, les applaudissements font également preuve de beaucoup de douceur…
Autre test révélateur : l’exceptionnelle bande son du film Around Midnight de Bertrand Tavernier, qui réunit le gratin absolu de la scène jazz de l’époque (1986). On savoure ici les titres les uns après les autres, qui passent tous avec un réalisme et une fluidité admirables. Des notes les plus graves des contrebasses jusqu'aux plus bruissantes cymbales, tous les instruments sont magnifiquement présents, articulés et riches en timbre. Sans parler de la scène sonore, quasi-holographique, en largeur et en profondeur. Tout est tellement évident que l'on remarque sans peine le déséquilibre qualitatif certain dans la captation de la voix de Chet Baker, que l'on imagine enregistré dans une toute petite cabine -ou hâtivement coincé entre quatre panneaux isolants- dans le faux club de jazz qui avait été recréé pour la circonstance aux studios d'Epinay (mais dont l'acoustique est par ailleurs exemplaire).
Dans un tout autre style, on éprouve un grand bonheur à l’écoute de la réédition du mythique Aux armes et cætera de Serge Gainsbourg sur vinyle 180 gr, tout au moins si l’on accepte les petites coquetteries dub réalisées un quart de siècle après les sessions originales par l’ingé son Soljie Hamilton –qui à mon sens ne dénaturent pas l’opus original, et lui donnent même un petit coup de frais bien dosé.
Le disque original passait pour être une réussite technique, mais la qualité variable des pressages de l’époque ne permettait pas forcément d’en profiter pleinement. Ici, on jouit de la basse incroyablement profonde et ferme de Robbie Shakespeare, on découvre de miraculeux soli de guitare de Michael Chung, et on se pâmerait presque à l’écoute des I Threes. Quand à Gainsbarre, il n’a lui non plus jamais chanté comme ça ! On lui découvre une voix présente, consistante, plutôt articulée (!), tandis que ce nouveau mixage emplit l’espace sonore d’une poignée de croustillants gimmicks…
Pour rester dans l’ambiance violoncelle du moment, je ressors de la discothèque deux opus parmi mes favoris : le Premier Concerto pour violoncelle de Haydn (version Roland Pidoux et I Filarmonici di Bologna dirigés par Angelo Ephrikian chez Harmonia Mundi) et le Concerto n°2 pour violoncelle de Schostakovitch, interprété par Mtislav Rostropovitch et le Boston Symphony conduits par Seiji Ozawa (chez Deutsche Gramophon).
Si le concerto de Haydn brille par son classicisme presque baroque - et par une prise presque intimiste soulignant ce caractère -, celui de Schostakovitch est évidemment beaucoup plus contrasté et tendu. Le XP 15 (cette fois précédé de la cellule Lyra) rend hommage à ces deux très belles prises de son, qui amènent les solistes à quelques dizaines de centimètres de l’auditeur, alors que les pupitres les plus distants sont rejetés bien loin derrière le plan des enceintes.
Autre motif de satisfaction : la matérialisation du grain instrumental du violoncelle et des cordes en général, la pureté des bois, la vigueur acide des cuivres et l’impact monumental de la grosse caisse (sur Schostakovitch). Chaque pupitre est «analysé» et replacé au sein d’une scène sonore vaste, ultra précise et tactile. On entend même par moment le bruit d’estrade sous les pieds de Mtislav Rostropovitch.
Mais au-delà d’une excellente résolution des détails qui force évidement le respect - et qui provient bien aussi du dispositif de lecture - il faut ressentir la tension des premiers accords de ce concerto pour réaliser que le plus gros travail que réalise le XP15 est avant tout musical. Ce préampli phono s'avère un interprète très sensible, mais juste.
Une certaine forme de perfection est aussi atteinte avec la retranscription du concerto de Haydn, dans une ambiance évidemment plus resserrée, mais où le violoncelle et l’instrumentiste qui le manie paraissent tout aussi présents l’un que l’autre. Et sur ces deux œuvres d’envergure très différente, les limites physiques de la pièce d’écoute semblent bel et bien avoir été abolies.
Conclusion
On ne sait ce que va apporter le XP25, mais le XP15 représente déjà à coup sûr une forme de sommet en matière de préamplification phono. On aurait envie de dire que cet appareil brille par son absence de caractère marqué. Insipide, ce XP15 ? Certes non ! Mais cette électronique est d’une telle transparence - que ce soit sur le plan des attaques, des timbres ou de l’espace restitués - que l’on n’entend presque pas.
Et c’est aussi un appareil pour amateurs d’émotions, que l’on pourrait pour ainsi dire acheter les yeux fermés (si on en a les moyens), car ses prestations purement musicales sont de très haut niveau.
Il est finalement assez difficile de trouver un quelconque défaut à ce produit, si ce n'est la position arrière de tous les réglages dont il dispose. Et cela n'est finalement une vraie gêne que pour le chroniqueur. Pas pour l'amateur, même passionné, qui possède une platine, équipée d'un bras et d'une cellule.
Evidemment, 4250 € représentent une somme qu'il peut paraître inconsidéré de placer dans un appareil qui n'est lui-même que le complément d'un préampli ligne. Mais les mordus d'analogique savent l'inimitable plaisir que l'on ressent à l'écoute de disques vinyles bien lus... Et là, nous sommes bien au delà de la simple lecture au mot à mot !
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