Chronique d'une naissance annoncée
Depuis hier après-midi nous savons tous officiellement ce dont nous étions tous officieusement au courant quelques jours, voire semaines plus tôt : Le Leica M9, successeur des boîtiers M8 et M8.2, est né, armé de caractéristiques séduisantes, qui, comme à l'habitude, raviront les leicaïstes, et feront sourire - voire se gausser - ceux qui travaillent depuis longtemps déjà en reflex numérique...
Résumons un peu la situation. Dans l'univers de l'image numérique, en pertuelle (r)évolution, les M8 et M8.2, premiers appareils télémétriques numériques fabriqués par Leica, souffraient de quelques irritantes faiblesses : capteurs 2/3 de résolution 10 Mpixel aujourd'hui dépassée, sensibilité du capteur à l'infra-rouge nécessitant l'utilisation de filtres d'objectifs, plage de sensibilités ISO limitée. Le M9 corrige tout cela, et sans prendre le moindre embonpoint, ce qui est déjà considéré comme un petit exploit par les éxégètes de la marque teutonne.
Son nouveau capteur CCD de 18 Mpixel est en effet au format "plein cadre" de 24 x 36 mm. Il permettra d'utiliser toutes les optiques M sans facteur d'élongation de focale, et de jouer de la profondeur de champ de la manière la plus naturelle qui soit. Il est de plus nativement corrigé contre l'infrarouge, exit donc les filtres additionnels !
La sensibilité utile du boîtier s'étend désormais de 80 à 2500 ISO, avec, selon les privilégiés ayant déjà pu poser le doigt sur le déclencheur, des hautes sensibilités très peu bruitées.
Les professionnels et amateurs qui ont eu l'occasion d'utiliser M8 et M8.2 ne seront pas désarçonnés par l'ergonomie du nouveau M9, en tout point similaire. Cela est vrai du barillet des vitesses d'obturation, du déclencheur, mais aussi de toutes les fonctions qui se pilotent depuis le bouton à quatre touches et la molette déjà présents sur les dos des versions 8. L'écran de contrôle garde également la même taille avec une diagonale de 2,5 pouces. Dans l'optique "less is more", on assiste même à la disparition de la petite fenêtre de comptage de vues positionnée sur la face supérieure des boîtiers M8 ! Cette information est reprise sur l'écran, point. La reconnaissance des optiques M codées (et non codées) est assurée ainsi que la correction de certaines de leurs distorsions caractéristiques(vignettage).
Mais il n'y a toujours qu'un seul mode de mesure de la lumière, par réflexion sur les rideaux de l'obturateur. Le bruit au déclenchement reste très discret, et l'armement de l'obturateur peut se faire au relâché du déclencheur pour davantage de discrétion.
Dernière (presque bonne) nouvelle, le prix : 5 500 €. C'est certes beaucoup pour un appareil qui, tout excellement construit qu'il soit (laiton et magnésium sont au rendez-vous), reste, sur le strict plan des fonctionnalités, sensiblement en retrait par rapport à de beaux reflex numériques japonais dont le prix est même inférieur. Mais c'est moins élevé que ce que nombre de prévisionnistes avertis avaient imaginé. Et c'est, comme à l'habitude chez Leica, le prix à payer pour pouvoir utiliser une gamme d'objectifs qui brillent par leur qualité et leur compacité.
Toutes proportions gardées, il en va du matériel photo comme du matériel audio ou de l'horlogerie. Entre les produits d'exception presque 100 % faits main et le tout venant de grande série, les différentiels de prix sont énormes. "Supercherie !", crient les uns. "Evidente supériorité des premiers sur les seconds !", rétorquent les autres.
Prenons en main, soupesons, écoutons, regardons, estimons la robustesse, renseignons-nous sur la fiabilité. C'est (seulement) à ce prix que nous saurons si de tels écarts sont justifiés. Et c'est ce que Signal sur bruit se propose de faire, sur une sélection de produits audio et photo (et pourquoi pas, un jour, sur les montres ou les automobiles !)
Oui, le M9 est aussi disponible en noir !
Un bonheur n'arrivant jamais seul...
On apprenait aussi la naissance du Leica X1, compact numérique mono-objectif embarquant un capteur CMOS APS-C 24 x 16 mm de 12,2 Mpixels.
Ce boîtier, qui est donc doté d'un inamovible objectif autofocus d'ouverture f:2,8 équivalent à la focale très universelle de 36 mm en format 135, reste fidèle à la philosophie du "tout débrayable" de la marque. Notons qu'il affiche par ailleurs une sensibilité record de 3200 ISO. Il bénéficie d'un design très épuré directement dérivé d'un boîtier M de hauteur réduite. Ceci est notamment dû à l'absence de viseur optique intégré.
Il sera proposé, d'ici à la fin de l'année, au prix public de 1 550 €.