samedi 4 juillet 2009

Vendredi 3 juillet - Enghien Jazz Festival - Grande salle du casino - 1re partie

Le Journal du In

André Manoukian Quartet + Malia

Après quatre jours de festival, procédons à une rapide récapitulation : le premier soir, c’est le continent africain qui était représenté avec E. Kontomanou et R. Bona, le deuxième soir accueillit un pianiste américain et non des moindres, C. Corea. La troisième soirée, Didier Lockwood et son jeune groupe représentait la France. Et en ce beau vendredi soir, c'est l'orient arménien et juif qui est à l'honneur avec A. Manoukian et A. Cohen.
Venir à Enghien début juillet, c’est donc aussi visiter une bonne partie de la planète jazz.
Et le voyage n’est pas terminé !

La grande salle du casino accueille ce soir le quartet d’André Manoukian et son invité, la chanteuse Malia.
La formation déroule bon nombre des titres – doux-amers pour la plupart – extraits du très beau disque Inkala récemment paru. Il s’agit d’un jazz de compositeur, qui fait la part belle à des développements mélodiques faciles d’accès et qui restent en tête. Compte tenu de la personnalité de Manoukian, on aurait d'ailleurs pu s’attendre – voire craindre - un côté variété un peu trop marqué. ll n'en est rien. Même s’il s’agit souvent d’une écriture typée "chanson" (c’est comme cela qu’André introduit bon nombre des morceaux) avec pour ainsi dire couplets et refrains aisément identifiables.

L’inspiration orientale ne fait aucun doute, elle est d’ailleurs parfaitement revendiquée par son auteur, qui fait appel ici aux services additionnels de Hervé Gourdikian au duduk (petit hautbois arménien que l’on rencontre de plus en plus souvent dans le jazz). Selon Manoukian, cet instrument figure le chant féminin dans la tradition arménienne… On peut faire confiance au musicologue.

Nous entrons dans le répertoire proposé par la belle «Fenêtre d’orient». Un spleen particulier baigne la plupart des morceaux. C’est l’esprit arménien, tiraillé entre élévation spirituelle et charme des beautés terrestres, qui est à l’œuvre comme sur «Danse gaie (mais un peu triste)». Il est sympa, cet André, lorsqu’il nous raconte qu’étant enfant, les visites impromptues du Pope au domicile familial pour Pâques s’accompagnait des crises de rire de son père pendant toute l’homélie chantée de l’homme d’église. Et voilà d’où vient le titre «Pope Song» !

Il passe trop vite ce set, car les musiques de Manoukian s’écoutent sans fin. Sans même parler de l’excellence de la section rythmique avec Christophe Wallemme à la contrebasse et le génial Laurent Robin à la batterie.






Celui-ci fera encore le bœuf un peu plus tard dans la nuit au Jazz-Club :
un régal !



Le dernier morceau sonne des adieux presque déchirants : "On ne va quand même pas se quitter sur un truc gai !" sourit André.


Mélancolie quand tu nous tiens !

Nota : Depuis la première mise en ligne de cet article, des lecteurs me contactent : "Est-ce bien le même André Manoukian qui... sur une chaîne de TV de grande audience… ?" Oui, c'est lui !







Crédits photographiques pour l'article :
Francis Barrier (couleur) et Christian Izorce (noir & blanc)
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