Didier Lockwood et les Jazz Angels
Occasion pour lui également de présenter son invitée Stefy Haik, jeune chanteuse "franco-américaine" dont il produira sur son label le disque à paraître en fin d'année et de nous dire quelques mots de son école de jazz.
Stefy Haik possède une belle voix suave avec une pointe d'acidité, et a une drôle de manière de faire des mines ! Et de tenir son micro bien droit devant elle, foi de photographe ! Mais son talent est incontestable : phrasé précis, trémolo expressif mais pas exagéré, accent américain parfait.
Sur les quelques standards égrennés par la chanteuse, on sent déjà que les Jazz Angels (ou Devils ?) assurent. Didier Lockwood nous les présentera d'ailleurs assez vite... Prenez les frères Enhco par exemple : ils sortent du CNSM de Paris et du Centre des Musiques Didier Lockwood. Ils ont une vingtaine d'années seulement et ils jouent, oh ils jouent... Leurs aînés n'ont qu'à bien se tenir !
Après avoir laissé la chanteuse pour quelques titres, Didier revient sur scène et distribue sourires à qui veut. Son regard est clair, il scrute la salle mais veille aussi sur ses jeunes recrues, davantage comme un grand frère que comme un père pourrait-on dire. Il règne visiblement (et audiblement) une très belle harmonie dans cette formation !
A l'exception du premier titre, Didier Lockwood nous prévient : il ne sait pas trop ce qu'il va jouer, place à l'improvisation. Mais c'est parti pour un premier long morceau. Puis "Un jour mon prince viendra" de la BO de... Blanche Neige ! Didier laisse tour à tour ses musiciens assurer un solo. Le pianiste Thomas Enhco est absolument redoutable de virtuosité et sautille fiévreusement sur son tabouret. Mais il s'avèrera tout autant capable de sensibilité lorsqu'il le faudra. Les Jazz Angels enchaînent sur un méconnaissable "All the things you are", puis c'est l'hommage à l'ami disparu " I remember Albi", composé à la mort du contrebassiste.
"Impression" de Coltrane part au violon solo comme une fusée. L'on y entendrait presque un violon classique à la Rimsky-Korsakov. Ah, encore un morceau qui démarre très fort !
Le trompettiste David Enhco (au bugle) prend le relais sans transition et n'a aucun mal à suivre le rythme effréné tenu par la rythmique.
Son acolyte le contrebassiste Joachim Govin assure quant à lui avec régularité, légèreté et produit en toute circonstance un son bien rond. Comme on pourrait dire en coulisses : ça joue grave ! Allez, une mention d'honneur pour le pianiste, décidément trop bon ! Et qui se démène comme un beau diable. L'attention se focalise de nouveau sur le violoniste vers la fin du morceau, qui adopte des postures à la Jimmy Hendrix dans un brûlant solo final !
La salle applaudit debout, et c'est bien le moins que le public puisse faire !
Premier rappel : Didier Lockwood envoie son fameux titre "Globe trotter" au violon solo et séquenceur, où il joue avec et contre lui-même. Illustrant un documentaire de Tony Gatlif en cours de tournage sur le violon dans le monde, ce morceau nous emmène au maghreb, en Inde, nous donne à entendre des cris de mouettes au bord de la mer d'Irlande. L'occasion pour le violoniste de partir faire le tour de la salle, balcon compris, tout en jouant.
Pour être tout à fait franc, je ne suis pas un grand fana du violon dans le jazz, mais lorsqu'un concert de 2 heures sans interruption s'écoule aussi vite, c'est qu'il se passe vraiment quelque chose sur scène. Il semble de plus qu'à l'école Lockwood il faille impérativement pratiquer plusieurs langues. C'est ainsi qu'au beau milieu du second rappel où Stefy est revenue chanter "Route 66", le batteur devient bassiste, le bassiste prend la place du pianiste, le bugliste se saisit des baguettes et Didier se met lui-même à la trompette !
C'est bien ça , tous les soirs il se passe donc quelque chose de spécial à l'EJF !
Crédits photographiques pour l'article :
Pour être tout à fait franc, je ne suis pas un grand fana du violon dans le jazz, mais lorsqu'un concert de 2 heures sans interruption s'écoule aussi vite, c'est qu'il se passe vraiment quelque chose sur scène. Il semble de plus qu'à l'école Lockwood il faille impérativement pratiquer plusieurs langues. C'est ainsi qu'au beau milieu du second rappel où Stefy est revenue chanter "Route 66", le batteur devient bassiste, le bassiste prend la place du pianiste, le bugliste se saisit des baguettes et Didier se met lui-même à la trompette !
C'est bien ça , tous les soirs il se passe donc quelque chose de spécial à l'EJF !
Crédits photographiques pour l'article :
Francis Barrier (couleur) et Christian Izorce (noir & blanc)