Qui a dit que le jazz était un cri ?
Une sorte de petite malédiction météorologique semble s'être abattue sur les Arènes de Montmartre en cette fin juillet ! Le niveau des musiciens y est pourtant complètement étranger...
Une sorte de petite malédiction météorologique semble s'être abattue sur les Arènes de Montmartre en cette fin juillet ! Le niveau des musiciens y est pourtant complètement étranger...
Toujours est-il que cet après-midi, c'est la session de répétition du sextet de Henri Texier qui s'est trouvée interrompue par une assez forte averse. Après seulement quelques dizaines de minutes d'entraînement, on installe donc une grande bâche sur tous les pupitres, car la pluie vient mouiller même sous la toile de tente circulaire du festival.
Mais les intempéries n'empêchent pas les techniciens de se hisser au sommet de l'édifice pour vérifier la protection des projecteurs.
Fort heureusement, la soirée s'avère plus sèche et commence comme à l'habitude à 21 h 00 précises, devant un amphithéâtre plein comme un oeuf (et même encore plus plein que cela, si l'on tient compte des spectateurs amassés par delà la grille des Arènes et qui en ont une vue plongeante).
Le groupe démarre son set par un symbolique «Work Revolt Song», déjà bien agité, et poursuit avec «O Elvin», «Flaque étoile» - prétexte à un premier très beau duo de cuivres - puis «Tonlé Sap», musique de bal composée pour le film Holy Lola de Bertrand Tavernier.
A la fin de cet enchaînement, Henri Texier, faussement impassible et comme rivé sur un tabouret de bar, prend son micro pour saluer le public, citer les titres déjà joués, et en profite pour s'associer aux salariés vendéens de la société SKF - qui manifestent actuellement contre la fermeture de leur usine. «Ca pourrait bien péter», lance Texier à la cantonnade. «Et d'ailleurs, à propos de tout faire péter, voici Sacrifice» lance-t-il encore.
Effectivement, ça pète, dès l'intro purement free en forme de duo entre Sébastien Texier au saxo et Christophe Marguet à la batterie.
L'esprit de révolte qui a animé de nombreux jazzmen afro-américains depuis les origines jusque dans les années 60 est bien là.
Le jazz, musique de toutes les musiques ?
Si l'expression n'était pas à ce point galvaudée, on pourrait tenter le jugement de «morceau tout en contrastes» tant ce long titre rebondit d'un style à l'autre - nous sommes maintenant au beau milieu d'un solo très cool de François Corneloup au saxophone baryton - en s'aventurant également loin des territoires du jazz.
Le jazz, musique de toutes les musiques ?
Si l'expression n'était pas à ce point galvaudée, on pourrait tenter le jugement de «morceau tout en contrastes» tant ce long titre rebondit d'un style à l'autre - nous sommes maintenant au beau milieu d'un solo très cool de François Corneloup au saxophone baryton - en s'aventurant également loin des territoires du jazz.
Car Texier, Marguet et le guitariste Manu Codjia prennent tout à coup la direction des opérations en se lançant dans une improvisation spatiale qui n'est pas sans rappeler les échappées psychédéliques d'un Grateful Dead live et qui s'achève en un pur et rageur magma sonore scandé façon Rage Against the Machine !
Et le virage final est négocié vers une coda en forme de folle fanfare fêlée à la Goran Bregovic (dans ses meilleurs moments), menée trombone brûlant par Gueorgui Kornazov.
Mince, ces gars-là aussi savent faire du bruit !
Et d'ailleurs, à propos de bruit, il est presque l'heure de fermer... après deux rappels quand même, car personne n'est pressé de rentrer !
Crédit photographique : Christian Izorce
Tous droits de reproduction réservés