Impressions de visite
Parc Ronsard
Les adolescents qui fréquentent l’atelier des Photos Et des Mots se retrouvent exposés dans le Parc Ronsard aux allées ombragées. Un très beau cadre, pour une initiative éducative sérieuse et noble : l’atelier PEM s’adresse aux élèves de différents pays de la CE et d’Afrique francophone. Il vise, à travers la création photographique et l’expression écrite/orale, à lutter contre l’illétrisme, à développer l’esprit scientifique, le sens social et civique, à enseigner les techniques de l’information et de la communication. Le thème de l’amitié, de la relation à l’autre, est une constante des travaux exposés, où certains jeunes photographes se laissent aller à des cadrages plutôt audacieux.
Parc du Château et Orangerie
Parcourant le joli parc surplombant la ville et lui-même dominé par les ruines du château, nous retrouvons tout d’abord dans les allées les Arrêts sur image proposés par le Figaro Magazine. Ces images d’actualité saisissantes abordent tous les types de sujets : animalier, humain, politique, météorologique, sportif, religieux… des images spectaculaires qui donnent envie !
Les Bugs (coléoptères) de Thierry Cohen occupent l’autre moitié du parc, tant agrandis et magnifiés qu’ils sont. Leurs formes rebondies, leurs carapaces luisantes et moirées resplendissent en de magnifiques portraits sur fond blanc.
Dans l’Orangerie toute proche, Pierre Chiquelin tente lui de nous attirer dans ses Flaques aux motifs abstraits et aux couleurs glauques (rappelons qu’avant d’être un qualificatif plutôt péjoratif, «glauque» désigne les couleurs de l’eau stagnante des marais). Tout un microcosme se révèle et se reflète dans ces surfaces irisées où le hasard de la nature fait apparaître des formes parfois évocatrices.
Manège Rochambeau
Le manège accueille cette année la bagatelle de 11 expositions, dont la thématique principale reste le voyage, la visite de lieux plus ou moins éloignés.
Le manège accueille cette année la bagatelle de 11 expositions, dont la thématique principale reste le voyage, la visite de lieux plus ou moins éloignés.
Commençons par le tryptique turc. Marc Riboud et Ara Güler se font ainsi face, et nous font arpenter Istambul et les rives du Bosphore, chacun à sa manière, avec des images noir et blanc prises entre 1954 et 1998.
Grand parti pris d’unité chez Riboud, dans les tirages d’une part, et dans les scènes représentées, qu’il est presque difficile de re-situer dans le temps. Son Istambul semble figé au milieu du 20e siècle et pourrait donner à penser au visiteur que la ville n’a pas évolué. Il est vrai qu’il reste dans le Istambul d’aujourd’hui des quartiers, des métiers et des portraits des plus rustiques !
Le parti-pris est plutôt journalistique, descriptif des scènes auxquelles le voyageur pouvait (et peut encore) assister en parcourant la ville.
L’approche d’Ara Güler est davantage composée et évoque plus ostensiblement la photo d’art. Le photographe turc joue aisément avec le grand angle et construit ses images avec un sens aigu du drame, dont l'être humain reste la figure centrale.
La couleur, plutôt tendance pastel, est la langue de Serkan Taycan. Langue avec laquelle il interroge : «…compte tenu de la disparition progressive des frontières mentales et physiques du monde d’aujourd’hui, un individu peut-il encore appartenir à un endroit particulier ?». Les lieux nous possèdent-ils ou sont-ils plutôt nôtres ? Face aux images, une ébauche de réponse s’esquisse.
Les Momies d’Ulla Lohmann ne sont pas celles qui ravissent les amateurs de film d’action au propos horrifico-égyptologique ! Ces momies-là sont d’Afrique noire. De Papouasie Nouvelle Guinée pour être exact. L’exposition couleur révèle ce qui subsiste des rites funéraires pratiqués par la tribu des Angas il y a de cela cinquante ans. Et comment ceux-ci cohabitent encore avec certains de leur ancêtres, qui veillent sur eux de leur poses figées. Ces images sont fortes, dénuées de tout voyeurisme malsain, mais elle frappent le visiteur. Il se dégage du propos d’Ulla Lohmann un sentiment de justesse, tant au niveau des cadrages que du rendu chromatique des tirages. L’approche est humaine, subtile. Elle nous renseigne, sans parti pris.
Pour Ghandi Express, le photographe Michel Monteau accompagné de l’écrivain Fabrice Gaignault ont emboîté le pas du «fakir à moitié nu», dans le périple qu’il effectua d’Ahmedabad à Dandi, du 12 mars au 6 avril 1930, en signe de protestation contre le colonisateur anglais. Les images rapportées de ce trajet sont de magnifiques peintures de lumière, très piquées (format 6 x 7 ?) aux couleurs délicates mais bien évocatrices de l’orient. Le parti-pris esthétique est évident, tandis que le traitement fait irrésistiblement penser au noir et blanc (densification ou éclaircissement de certaines parties d’images). Il émane de ces photographies une impression d’intemporalité, assez peu souvent rencontrée avec des travaux en couleur. Superbe !
La mesure de l’homme sportif est le titre de l'étonnante présentation que celle des archives photographiques de l’INSEP (Institut National du Sport et de l’Education Physique) et plus exactement de son laboratoire médical, entre 1904 et 1934. Vues avec plusieurs décennies de recul, ces images elles aussi très fouillées (car prises avec des appareils au format 9 x 12 cm, ou à la chambre) mettent en scène des sportifs et un attirail anthropométrique à l’étrange apparence de machines au futurisme anachronique. Mais une seconde lecture dévoile des gestes et postures qui ne sont pas dépourvus d’une manière de beauté chorégraphique. Une sorte de cabinet de curiosités, à visiter absolument.
Avec American Beauty, c’est un fonds de diapositives Kodachrome (souvent anonymes) qui est exploité, pour livrer une vision intime de l’amérique des années 50 et 60. Les amateurs d’argentique savent que le film Kodachrome - qui vit d’ailleurs ses dernières heures aujourd’hui même - est un des supports mythiques qu’a engendré l’industrie photochimique du 20e siècle. On retrouve bien ici les tons naturels - malgré la fine tendance orangée et les ciels bleu acier - typiques de la production des usines de Rochester. Et cette exposition à l’avantage de replacer le spectateur derrière l’appareil, car ces belles images sont celles... d’amateurs. Elles pourraient être les nôtres si nous étions américains.
Tanger, ville magique. En son temps repaire de nombreux marginaux, de personnages maudits (dont le fameux William S.Burroughs pour ne citer que lui). Romain Carreau en fait ressortir toute l’étrangeté, dans une suite de belles eaux fortes, malheureusement un peu trop denses pour mon goût (même si le sujet justifie une relative densité).
Et l'on y trouvera aussi, entre autres choses, le carré des Lauréats des écoles photographiques internationales.
Ceci n'est qu'un petit aperçu de ce qui est proposé au visiteur...