... Nouvelle création de Florence Baschet
Proposée en troisième œuvre, juste après l’entracte, StreicherKreis constituait, du point de vue de sa réalisation, une étape particulière de ce programme. Cette œuvre pour quatuor à cordes et dispositif de « suivi de gestes » est le fruit d'une collaboration de deux ans entre une compositrice, Florence Baschet , et une formation, le Quatuor Danel, qui se connaissaient peu au départ.
Aujourd’hui, chacun apprécie pleinement le travail effectué en commun, qui repose tout à la fois sur l’implication du quatuor dans la durée, et sur l’intégration dans le processus créatif de la gestuelle développée par les musiciens au cours des répétitions. Dommage que le montage final de l’œuvre n’ait pu s’étendre que sur un jour et demi ! Compte tenu de la difficulté de l'œuvre, il s'agit tout simplement d’un exploit.
Œuvre se voulant fédératrice par son titre, puisque s’adressant au «cercle de ceux qui jouent des instruments à cordes frottées», elle tire l’essentiel de sa matière de l’acte de composition en lui-même, et de l’incorporation des gestes des instrumentistes dans celui-ci. Il s’agit donc d’un programme de musique abstraite, pour ne pas dire un «exercice de style», sans rattachement avec une thématique extérieure, mais élaboré très concrètement avec des musiciens.
Chaque instrument du quatuor est muni d’un capteur de pression inséré au niveau du chevalet. Tous les instrumentistes sont équipés en outre d’un capteur de mouvement (inclinaison, vitesse), fixé au poignet de la main tenant l’archet. Ces capteurs fournissent les signaux d’entrée à un module informatique de «suivi du geste», permettant de se repérer dans la partition en déroulement. Mais il permet aussi aux musiciens, de manière individuelle ou collective, en fonction de la manière dont ils attaquent et frottent leurs cordes, d’actionner et de modeler les transformations sonores voulues par le compositeur. S’il est universellement vrai que deux interprétations d’une même œuvre sont toujours différentes, cette constatation est ici érigée en principe dans la manière même dont la pièce est conçue.
Au fur et à mesure de la création de l’œuvre, la gestuelle des musiciens répétant les sections de l’œuvre fut donc captée et archivée de manière à fournir les éléments de déclenchement des «effets», travaillés ensuite par Florence Baschet et Serge Lemouton, réalisateur en informatique musicale. Et les fruits de ce travail furent patiemment réinjecté dans l’œuvre en devenir, jusqu’à ce qu’elle prenne sa forme finale.
Au programme des effets sonores utilisés par la compositrice : spatialisation du quatuor dans la salle de concert, travail sur la granulation des sons, effets d’irisation obtenus par harmonisation micro-tonale de séquences, introduction de réverbération et de distorsion. Le tout étant réalisé par des modules de calcul temps réel embarqués dans le logiciel Max, fleuron de l’ingénierie informatique de l’Ircam. Florence Baschet est ici dans son élément, sa filiation avec le compositeur Philippe Manoury et son parcours personnel en font une spécialiste des intéractions entre musique vivante et dispositifs informatique et électroniques en temps réel.
Si StreicherKreis est une œuvre «technique», elle ne néglige pas pour autant le sens du beau et de la tension musicale. C’est ainsi que la pièce s’ouvre sur une exposition lumineuse et sensible des mouvements glissants d’archets sur les cordes. La construction en spirale de la pièce permet ensuite à chaque instrumentiste, puis à l’ensemble du quatuor, d’agir sur tout ou partie des sons produits.
Il s’agissait ici pour Florence Baschet de trouver des modalités expressives de transformation des sons par les gestes, et non de créer des lignes instrumentales virtuelles séparées qui viendrait se juxtaposer au quatuor. Effectivement, à aucun moment l'électronique ne prend le pas sur le motif musical, mais elle en constitue une extrapolation parfaitement intégrée. A l’écoute, on aurait même bien du mal à imaginer la complexe cinématique du dispositif sous-jacent. Il reste que l'œuvre alterne des passages recueillis et des mouvements d’une très grande complexité. On aurait peine à cacher qu’il s’agit d’une musique savante et exigeante, tant pour les interprètes que pour le public, à tout le moins en première écoute. Mais le résultat emmène l’auditeur dans une exploration ultime et fascinante de la matière sonore. Une approche chère à de nombreux compositeurs des 20e et 21e siècles.
Proposée en troisième œuvre, juste après l’entracte, StreicherKreis constituait, du point de vue de sa réalisation, une étape particulière de ce programme. Cette œuvre pour quatuor à cordes et dispositif de « suivi de gestes » est le fruit d'une collaboration de deux ans entre une compositrice, Florence Baschet , et une formation, le Quatuor Danel, qui se connaissaient peu au départ.
Aujourd’hui, chacun apprécie pleinement le travail effectué en commun, qui repose tout à la fois sur l’implication du quatuor dans la durée, et sur l’intégration dans le processus créatif de la gestuelle développée par les musiciens au cours des répétitions. Dommage que le montage final de l’œuvre n’ait pu s’étendre que sur un jour et demi ! Compte tenu de la difficulté de l'œuvre, il s'agit tout simplement d’un exploit.
Œuvre se voulant fédératrice par son titre, puisque s’adressant au «cercle de ceux qui jouent des instruments à cordes frottées», elle tire l’essentiel de sa matière de l’acte de composition en lui-même, et de l’incorporation des gestes des instrumentistes dans celui-ci. Il s’agit donc d’un programme de musique abstraite, pour ne pas dire un «exercice de style», sans rattachement avec une thématique extérieure, mais élaboré très concrètement avec des musiciens.
Chaque instrument du quatuor est muni d’un capteur de pression inséré au niveau du chevalet. Tous les instrumentistes sont équipés en outre d’un capteur de mouvement (inclinaison, vitesse), fixé au poignet de la main tenant l’archet. Ces capteurs fournissent les signaux d’entrée à un module informatique de «suivi du geste», permettant de se repérer dans la partition en déroulement. Mais il permet aussi aux musiciens, de manière individuelle ou collective, en fonction de la manière dont ils attaquent et frottent leurs cordes, d’actionner et de modeler les transformations sonores voulues par le compositeur. S’il est universellement vrai que deux interprétations d’une même œuvre sont toujours différentes, cette constatation est ici érigée en principe dans la manière même dont la pièce est conçue.
Au fur et à mesure de la création de l’œuvre, la gestuelle des musiciens répétant les sections de l’œuvre fut donc captée et archivée de manière à fournir les éléments de déclenchement des «effets», travaillés ensuite par Florence Baschet et Serge Lemouton, réalisateur en informatique musicale. Et les fruits de ce travail furent patiemment réinjecté dans l’œuvre en devenir, jusqu’à ce qu’elle prenne sa forme finale.
Au programme des effets sonores utilisés par la compositrice : spatialisation du quatuor dans la salle de concert, travail sur la granulation des sons, effets d’irisation obtenus par harmonisation micro-tonale de séquences, introduction de réverbération et de distorsion. Le tout étant réalisé par des modules de calcul temps réel embarqués dans le logiciel Max, fleuron de l’ingénierie informatique de l’Ircam. Florence Baschet est ici dans son élément, sa filiation avec le compositeur Philippe Manoury et son parcours personnel en font une spécialiste des intéractions entre musique vivante et dispositifs informatique et électroniques en temps réel.
Si StreicherKreis est une œuvre «technique», elle ne néglige pas pour autant le sens du beau et de la tension musicale. C’est ainsi que la pièce s’ouvre sur une exposition lumineuse et sensible des mouvements glissants d’archets sur les cordes. La construction en spirale de la pièce permet ensuite à chaque instrumentiste, puis à l’ensemble du quatuor, d’agir sur tout ou partie des sons produits.
Il s’agissait ici pour Florence Baschet de trouver des modalités expressives de transformation des sons par les gestes, et non de créer des lignes instrumentales virtuelles séparées qui viendrait se juxtaposer au quatuor. Effectivement, à aucun moment l'électronique ne prend le pas sur le motif musical, mais elle en constitue une extrapolation parfaitement intégrée. A l’écoute, on aurait même bien du mal à imaginer la complexe cinématique du dispositif sous-jacent. Il reste que l'œuvre alterne des passages recueillis et des mouvements d’une très grande complexité. On aurait peine à cacher qu’il s’agit d’une musique savante et exigeante, tant pour les interprètes que pour le public, à tout le moins en première écoute. Mais le résultat emmène l’auditeur dans une exploration ultime et fascinante de la matière sonore. Une approche chère à de nombreux compositeurs des 20e et 21e siècles.
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