La marque australienne Stello est assez récemment apparue sur le marché de l’équipement audio. Elle est pourtant portée par le groupe industriel April Music, présent sur la scène internationale depuis 1998. Ses produits, transports CD, convertisseurs, lecteurs intégrés, préamplificateurs et amplificateurs de puissance sont régulièrement couronnés d’Awards décernés par nos confrères outre-manche et outre-atlantique. L’arrivée de Stello peut-elle egalement bouleverser la hierarchie des valeurs établie sur notre sol ? Cela se pourrait bien…
Extérieurement, le lecteur Stello CDA 320 – tout comme les autres produits de cette marque - présente une certaine et rassurante ressemblance avec les appareils de la marque Krell. Une indubitable impression de sérieux et de professionnalisme s’en dégage. Rappelons que ces produits conçus en Australie sont en fait fabriqués en Corée du Sud. Mais le moins que l’on puisse dire est que la finition est au plus haut niveau.
Commençons par noter que ce lecteur bénéficie des soins apportés à la meilleure source conçue par Stello en matière mécanique (le transport CDT 200), mais en utilisant ici une platine lectrice Philips VAM1202 compatible CD et CD-R.
Le reste de l’appareil ne réserve que de très bonnes surprises. Poursuivons en effet par l’alimentation, qui fait appel à rien moins que deux petits transformateurs toriques, suivis de circuits de redressement (dont certains sont équipés de diodes ultrarapides) et de copieux filtrages à base de condensateurs de 10 000 µF. Un nombre impressionnant de circuits de régulation (type LM 317, LM337 et autres 7800) sont reportés au plus près des circuits actifs et montés sur radiateurs individuels au niveau du circuit imprimé principal. Deux quartz respectivement à 28,322 MHz et 24,576 MHz fournissent les bases de temps précises dédiées d’une part à la détection du train incident à 44,1 kHz et d’autre part aux versions suréchantillonnées qui sont elles multiples d’une fréquence légèrement différente (48 kHz). La conversion numérique-analogique fait d’abord appel au circuit de conversion de débit Analog Devices AD1896 permettant le suréchantillonage, puis au convertisseur N/A Texas Instrument PCM1794. Ces circuits comptent parmi les meilleures références dans leur domaine.
Dans la partie analogique, nous trouvons une paire d’amplis opérationnels OPA604, réputés pour leurs qualités musicales et présentant des caractéristiques de très haut niveau notamment en termes de distorsion et de slew-rate. Il sont suivis par un étage final à transistors polarisés en classe A. Autre détail montrant le soin apporté à la réalisation : c’est un coaxial RF qui amène la modulation issue de la mécanique à l’entrée de la carte de conversion. Les sorties analogiques sont doublées (prises Cinch et XLR).
Cet appareil présente en outre des fonctionnalités rares et intéressantes : il peut servir de convertisseur numérique/analogique et possède à cet effet un jeu d’entrées numériques au format coaxial et optique. Il permet également l’activation ou non (by-pass) du suréchantillonnage, et lorsque ce dernier est activé, le choix entre les fréquences de 96 ou 192 kHz. A 192 kHz, les résultats présentent sans doute un degré de netteté et un fruité supplémentaires. Mais il faut admettre que la restitution est déjà excellente en position by-pass (mode non suréchantillonné) ou en mode suréchantillonné à 96 kHz. L’abondance de connecteurs (RCA et XLR) pour les sorties analogiques garantit une complète universalité de raccordement. De la même manière, toutes les sources numériques peuvent être connectées au CDA 320 qui accepte des mots de 16, 18, 20 et 24 bits, aux fréquences de 32, 44,1, 48 et 96 kHz.
Ecoute
Ecoute
Le CDA 320 présente une dynamique subjective très marquée, tant au niveau global que sur les signaux de faible niveau. Il en résulte une capacité toute particulière dans la restitution des rythmes, doublée d’un pouvoir de modulation hors normes. Subjectivement, certains passages peuvent ressortir comme un peu accélérés par rapport à l’habitude, mais on se rend vite compte que cette impression n’est pas du tout liée à un manque de résolution sur les fins de phrases. Il s’agit plutôt de la vivacité naturelle que des musiciens passionnés peuvent insuffler à un morceau et qui, par comparaison, fait défaut sur bien des lecteurs.
Du point de vue tonal, ce lecteur est véritablement une très bonne surprise car l’équilibre qu’il présente ne laisse prise à aucune critique. La bande passante subjective est en effet très large et très régulière, sans aucune remontée artificielle. Les registres médium et aigu sont de toute beauté, avec, sinon une chaleur, à tout le moins un fruité permanent. L’intelligibilité et la matière des voix sont superbes. L’excursion dans registre grave est pleinement maîtrisée et assure une articulation permanente sans aucune lourdeur ni effet de flou. Distinction et intégration sont les maîtres mots de la personnalité tonale de ce lecteur.
Un des paramètres sur lesquels une lecture analogique de haut niveau remportait il y peu encore la compétition sur le numérique est l’ampleur et la précision de l’image stéréophonique. Cette suprématie doit être relativisée à l’écoute d’éléments aussi compétents que ce lecteur Stello. Sur des enregistrements bien réalisés, l’image 3D offerte par ce lecteur n’est rien moins que superlative : elle est en effet hyper détaillée, très précise, et offre une mise en perspective très marquée des différents plans sonores. Elle reste néanmoins très naturelle, car elle ne contribue pas à dilater au-delà du raisonnable les prises de son naturelles de formations d’envergure réduite.
Sommes nous en présence d’une nouvelle merveille ? Il semblerait que oui, à l’écoute des toutes premières mesures du premier des Quatuors Opus 5 de Franz-Xaver Richter (par l'Ensemble Rincontro – Disques Alpha). La restitution est en effet hyper-dynamique et enlevée, mais présente d’emblée un caractère éminemment chantant. L’interprétation est vive et rapide, avec une résolution résolution des détails très poussée, et les fins de phrases ne sont pas écourtées. Il s’agit bien du tempo correct, ni accéléré ni inutilement ralenti, et les musiciens sont campés de manière très vivante devant l’auditeur. Au final, parmi le nombre de lecteurs récemment écoutés (dont certains sont tout à fait recommandables) c’est avec le Stello que les musiciens font apparemment preuve du maximum de virtuosité.
Passons au jazz, maintenant, avec un album de luxe : Nothing ever was, anyway d'Annette Peacock (chez ECM). La visualisation du trio, excellente, est bien déployée dans l’espace. De manière presque exagérée, l’enregistrement étale largement le set de batterie de gauche à droite, au fond de la scène. Mais l’image qui en découle est ultra-précise et d’une stabilité exemplaire. Contrebasse et piano ressortent de façon très naturelle sur l’avant de la scène, avec un sentiment de matière très poussé. Le registre extrême grave est très fouillé, sans aucune lourdeur ni paresse. A l’autre extrémité du spectre, cymbales et charleston sont très définis, avec une justesse et une richesse de timbre très impressionnantes.
Passons au jazz, maintenant, avec un album de luxe : Nothing ever was, anyway d'Annette Peacock (chez ECM). La visualisation du trio, excellente, est bien déployée dans l’espace. De manière presque exagérée, l’enregistrement étale largement le set de batterie de gauche à droite, au fond de la scène. Mais l’image qui en découle est ultra-précise et d’une stabilité exemplaire. Contrebasse et piano ressortent de façon très naturelle sur l’avant de la scène, avec un sentiment de matière très poussé. Le registre extrême grave est très fouillé, sans aucune lourdeur ni paresse. A l’autre extrémité du spectre, cymbales et charleston sont très définis, avec une justesse et une richesse de timbre très impressionnantes.
Sur de grandes formations classiques - ici avec la Symphonie n°5 de Gustav Malher - la restitution se caractérise par une très bonne mise en situation de tous les pupitres, dans le cadre d’une image sonore exceptionnellement large et profonde. Du fait du pouvoir de séparation très poussé, on visualise bien les tapis de cordes et les différentes masses sonores qui se répondent, mais sans que cela ne nuise au caractère fondu de certains passages. Ce pouvoir d’analyse est davantage marqué à 192 kHz, ce qui fait encore ressortir l’acoustique, avec également une douceur supérieure. D’une manière générale, la musicalité délivrée par ce lecteur est exceptionnelle, et les développements mélodiques parfaitement expressifs. On découvre encore des subtilités d’interprétation souvent passées sous silence avec d’autres lecteurs de la même gamme de prix. A titre d’illustration, les premiers motifs de l’adagietto se déploient de manière très progressive avec une espèce d‘intensité hésitante tout à fait superbe.
Conclusion
Le lecteur Stello CDA 320 propose une esthétique sonore de très haut niveau, tournée en permanence vers la clarté et l’intelligibilité du message. Il fait également merveille en matière rythmique, ce qui assure un caractère vivant et tonique sur tous types de message. Enfin, l’image stéréophonique ample et précise permet de bien retranscrire les conditions de la prise de son, pour une immersion quasi-totale dans l’événement enregistré. Il s’agit donc d’une très grande réussite, technologiquement très aboutie. La fabrication est très saine, le design soigné, la finition remarquable. Le CDA 320 est un bel appareil aux lignes simplifiées à l’extrême mais ne manquant pas d’élégance. Il est rarissime de rencontrer un lecteur aussi bien conçu et équipé dans cette gamme de prix. Nous n’allons donc pas bouder notre plaisir. Car pour faire sensiblement mieux, il va falloir envisager l’acquisition d’éléments séparés de très bon niveau, avec un tarif multiplié par un facteur 3 à 4. A bon entendeur …
Caractéristiques constructeur
- Bande passante : 10 Hz - 20 kHz (-0.5dB)
- Distorsion : 0,003% à 1 kHz
- Rapport Signal/Bruit : 120 dB (pondération A)
- Dimensions (h x l x p) : 105 x 435 x 345 mm
- Poids : 8 kg net